Les serviteurs de la démocratie

184 LES SERYVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

La blessure d’Armand Carrel était mortelle; elle Jui occasionna d’épouvantables souffrances, au milieu desquelles son esprit resta ferme et doux jusqu’à l'heure de l’agonie. Quand il eut perdu la faculté de distinguer les objets et de reconnaître les visages, on le vit agiter encore ses mains crispées pour chercher la dernière étreinte de ses amis en pleurs. Un cri de douleur s’éleva dans tout Paris; c’étaità qui plaindrait Armand Carrel! — Un homme seul, peut-être, était ce jour-là plus à plaindre que lui, ce fut M. Émile de Girardin.

Les illustrations de tous les partis, Chateaubriand, François Arago, Cormenin, Béranger, des représentants du pays tout entier, se pressèrent à Saint-Mandé, dans la chambre du mourant, pour rendre un suprême hommage à ce noble blessé. Beaucoup eussent fait volontiers le sacrifice de leur vie pour sauver celle d’Armand Carrel. Lui s’endormit du dernier sommeil, en mMmurmurant ces mots, qui résument son existence : France, Armée, République.