Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)

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leur prépare aujourd’hui la France. C’est aussi cet espoir qui a contribué à me faire reprendre mon travail, afin d’avoir quelque chose de prêt pour cette grande époque.

J’apprendrais avec grand plaisir qu’il se fût trouvé à Berlin quelqu'un qui eût entrepris la traduction de mon dernier écrit, et si vous avez le temps d’y jeter quelques notes, je vous prie très instamment, Monsieur, d’y relever et corriger ceux de mes calculs où j'aurai pu tomber dans quelque exagération. Quand on à un but aussi noble que le nôtre, on l’annoblit encore en relevant mutuellement nos erreurs réciproques, et c’est ainsi surtout que nous pouvons convaincre nos lecteurs qu’il n’est point question de secte entre nous, et que nous ne cherchons que la vérité.

Je présume que le travail dont je vais m’occuper me tiendra au moins deux mois, encore faudra-t-il pour cet effet que je nobtienne point la seule faveur que j'aie jamais demandée au gouvernement de ce pays-ci, celle de me donner un mousquet et de m’assigner un poste sur la côte.

Je ne vous parle point du sort de la Suisse et de celui de la malheureuse Genève, qui m’a prouvé que j'étais plus Genevois que je ne le croyais !.

IL

Monsieur !

Si j'ai tardé aussi longtemps de vous présenter mes remerciments bien sincères de toutes vos bontés pour moi, c'était plutôt la faute des circonstances que la mienne. Affaibli par ure maladie qui m'a obsédée (sic) pendant deux mois, tourmenté d’une foule d’occupations différentes, et pressé par ma besogne périodique, j'ai remis d’une semaine à l’autre de remplir un devoir aussi doux pour moi; et malheureusement j’apprends trop tard le départ du courrier de Mr. Grenville ? pour pouvoir même aujourd'hui vous dire la moitié seulement de ce

1. Alinéa barré. 2. Thomas Grenviile (1755-1846), ambassadeur d'Angleterre à Berlin en 1799.