Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)

LATE

Il y a trois points essentiels, sur lesquels je serais infiniment heureux de pouvoir m’entretenir avec vous, pour donner à cette traduction quelque degré de perfection de plus que Poriginal n’en possède. Je vais les soumettre à votre bienveillance.

1° Dans une des notes de votre dernier ouvrage sur la France vous avez dit quelque part « que dans l'estimation du revenu d’une nation, on n’oserait mettre en ligne de compte les revenus des ouvriers proprement dits ». — J’ai cru au contraire que dans tout ce qu’on peut appeler travaux productifs, le salaire de l’ouvrier compose une partie très distincte des revenus nationaux. Vous remarquez vous-même, que pour le revenu territorial, on le partageait ordinairement en quatre parties, dont l’une pour les propriétaires, la seconde pour Îles fermiers, et les deux autres pour la main d'œuvre et les avances nécessaires pour la culture ultérieure. Vous admettez donc nécessairement que le revenu du laboureur est une partie essentiellement séparée de toutes les autres. Je crois qu’il en est de même pour tousles travaux productifs. Après avoir longtemps médité sur cet objet, je ne crains pas qu’aucun arqument saurait ébranler mon système ; et je le crains d’autant moins que le peu de mots que vous avez dit en passant dans une note, ne suffit pas pour connaître le vôtre. Cependant, je désirerais bien que vous eussiez la bonté de me dire votre avis sur ce point.

> Après avoir une fois séparé — et avec beaucoup deraison, si je ne me trompe entièrement — les revenus des travaux productifs, de ceux des travaux improductifs, j’aurais dû, fidèle à mon système, et sans me laisser séduire par l'autorité imposante des financiers anglais, rejeter absolument du tableau des revenus tous les revenus de la dernière classe. Je vous avoue que je m’en fais des reproches et que je suis résolu — à moins que des arguments invincibles de votre part ne m'en détournassent — de changer dans la traduction française le tableau général que j'ai donné au mois de septembre (p. 87). Il est vrai que l’état des revenus en serait diminué de toute la somme de 65 millions que composent les revenus des maisons,