Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

CONFÉRENCE DE PARIS ET CONGRÈS D'AIX-LA-CHAPELLE, 131

ropéens, qui tout à la fois éeint les fils d’araignée à l’aide desquels la diplomatie a coutume d'obscurcir l'horizon, met toute la portée du système dans son véritable jour, et donne aux conseils des grandes puissances l’efficacité et presque la simplicité des délibérations d’un seul état. »

J'ai reproduit les paroles mêmes de lord Castlereagh, qui, dans leur incorrection bizarre assez semblable à celle de ses discours parlementaires, peignent d’une manière assez vive l'enthousiasme avec lequel il se laissait aller aux erremens de la politique continentale. Le cabinet de Londres, qui ne partageait pas cet enthousiasme, crut devoir le réprimer. On s’occupait en ce moment à Aix-la-Chapelle de la rédaction de la déclaration qui replaça la France au nombre des puissances dirigeantes, et dont j'ai tout à l’heure rapporté les termes; cette rédaction n’était pas encore complétement arrêtée, plusieurs projets étaient en discussion, et celui qui émanait du gouvernement russe effarouchait à plusieurs égards les ministres anglais. Ils répugnaient surtout à consacrer pour l’avenir un système de congrès fréquens et en quelque'sorte périodiques dont la Russie eût’ voulu faire, pour ainsi parler, les états-généraux de l’Europe. Lord Bathurst, dans une lettre du 28 octobre, rendait compte ainsi à lord Castlereagh d’un débat qui avait eu lieu à ce sujet dans le conseil :

«Nous avons tous été plus où moïns frappés de la crainte qu’il ne sortit de graves inconvéniens d’une décision qui annoncerait publiquement une suite de réunions de cabinets sur des points déterminés. Il est parfaitement naturel que vous éprouviez un vif désir de voir continuer ce système dont vous avez tiré si bon parti; mais, lors même que nous aurions la certitude que les réunions subséquentes seraient animées d’un égal esprit de cordialité, quel avantage y aurait-il à prendre pour l'avenir une détermination précise, excepté pour ce qui regarde la prochaine réunion que nous sommes tous d'accord de fixer et d'annoncer dès à présent? Si je vous comprends bien, il serait question, après avoir décidé que les réunions projetées auraient lieu à des époques précises, de l’annoncer aux autres gouvernemens par une circulaire qui renfermerait des explications propres à les satisfaire. Pensezvous qu'aucune déclaration générale püt avoir cet effet? Dans la circonstance actuelle, nous avons pu atteindre ce but (et non pas sans difficulté) en leur donnant l’assurance que nous n'avions à nous occuper que de l'évacuation; mais en leur faisant connaître l'adoption du système des réunions périodiques; nous devrons ajouter qu’elles se rapporteront uniquement à tel ou tel objet déterminé, ou même à une seule puissance, à la France, et aucun engagement de n’intervenir en aucune facon dans des matières où le droit des gens ne justifierait pas notre intervention ne suffirait pour les rassurer, parce qu'ils pourraient craindre que de grands souverains, avec de nombreuses armées, ne se conformassent pas toujours aux décisions des jurisconsultes, — Vous comprendrez que l'objection que je viens de vous exposer