Louis XVI et la Révolution

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86 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

plus accommodant, et règle ces différences. Le comte d'Artois joue comme un fou et ne peut pas toujours payer. En 1787, il perd deux millions, et s'adresse au roi qui, après une réprimande, « a annulé sa dette, comme la nature l’exigeait », nous dit la Correspondance secrète.

Le public glose sur ces dépenses ruineuses, et critique même des détails de toilette : on reproche au comte d’Artois de s'être fait faire trois cent soixante-cinq paires de souliers et autant de boucles, pour en pouvoir changer chaque jour. Il n’a, du reste, aucun souei de l'opinion publique; il agit en vrai despote. A court de matériaux pour sa maison de Bagatelle qu'il veut faire bâtir en six semaines, il envoie des patrouilles de gardes suisses réquisitionner sur les grands chemins toutes les voitures de plâtre et de pierres de taille qu’elles rencontreront. Tandis que Monsieur joue au démocrate, le comte d'Artois devient résolument le chef et le défenseur des privilégiés. Par une contradiction singulière, qui montre son peu de consistance, il se fait recevoir franc-maçon ; chose plus piquante encore, la loge est l’ancien noviciat des Jésuites de Paris. Cela ne l'empêche pas de diriger le parti rétrograde. Pour son compte personnel, il se refuse à la moindre économie, au plus petit retranchement. Ses principes en matière de finance sont simples : en pleine assemblée des pairs, en 1787, comme on voulait supplier le roi de donner un état des recettes et des dépenses, le comte prend la parole : « Vous devez savoir, Messieurs, que les dépenses du roi ne peuvent point être réglées sur ses recettes, mais ses recettes sur ses dépenses. » Cet économiste hardi aurait mérité, mieux que la reine, le sobriquet de « Déficit ». Le secrétaire des commandements de Marie-Antoinette, Augeard, évalue ce que le comte a tiré du seul Calonne à cinquante-six millions. Cette ignorance de ses devoirs tient à sa légèreté d’esprit. Purement frivole, il n’a jamais eu même la curiosité de voir un homme comme Buffon. Sa grande affaire, c’est le plaisir. Il ne connaît pas de