Louis XVI et la Révolution

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88 LOUIS XYI ET LA RÉVOLUTION.

baisse encore du coup dans lopinion publique. Cette invraisemblable brutalité est attestée par nombre de témoins : l’auteur anonyme de la Correspondance secrète, la baronne d’'Oberkirch, le comte de Mercy, le baron de Besenval. Cette incartade même n’est pas isolée. Ferrières raconte que « Necker s'étant présenté à la porte de la chambre où se tenait le conseil, le comte d'Artois alla au-devant de lui, lui ferma le passage, et lui montrant le poing d’un air de fureur : « Où vas-tu, traître d’étranger ? Est-ce ta place au conseil, fichu bourgeois ? Retourne dans fa petite ville, ou te ne périras que de ma main. » Ce n’est pas seulement à lui-même que le comte d'Artois fait ainsi du tort. Plus que tout autre, il contribue à déconsidérer la reine par son oubli de l'étiquette et du respect : « Il ne se passe pas de jour, dit Merey, où M. le comte d'Artois ne donne, par une familiarité indécente, le plus grand scandale, et la reine le souffre, quoiqu’elle en soit choquée au plus juste titre. Je n’ai point caché à Sa Majesté que cette tolérance était une vraie faiblesse, ct qu'il en résultait des impressions très fâcheuses dans le public, lequel est fort délicat sur le respect qui est dû à ses maîtres. » MarieAntoinette se défie enfin de lui, mais trop tard; elle finit par le trouver dangereux : « Ce n’est pas, dit-elle, à Augeard, que mon frère d'Artois ne nous aime pas, mais il est poussé par.une faction infernale qui nous perdra tous. » Et elle se met à pleurer. |

A ce premier petit groupe, ajoutez les princes du sang, qui se rangent autour de la famille royale, la séparant du reste du monde, recevant mal, dit Mercy, tous ceux qui les approchent, écartant les cœurs par une insultante hauteur. Ils poursuivent impitoyablement leur route vers le but qu'ils se sont fixé, sans s'inquiéter des obstacles. Pour n’en citer qu'un exemple, le prince de Conti, au témoignage de Marmontel, est accusé d’avoir excité la guerre des farines. Voilà ceux qui, continuant la tradition de toute royauté, méritent toujours