Louis XVI et la Révolution

MARIE-ANTOINETTE. 67

de mort pour l'impératrice, et Marie-Antoinette pâlit en lisant ces lignes où Marie-Thérèse s’indigne de tout projet d'union entre la Prusse et la France : « Nous deux ne pouvons exister ensemble, cela ferait un changement dans notre alliance, ce qui me donnerait la mort. » Quelques jours après, le péril devenant plus pressant encore, le ton change, devient presque suppliant : on compte sur la tendresse du roi « pour sa chère petite femme ». La chère petite femme ne demande pas mieux que d'intervenir : «Il n’y a pas de gré à m'en avoir, écrit-elle : c'est mon cœur qui agil dans tout ceci. » Et, avecle plus beau zèle du monde, elle presse les ministres, leur parle « fortement », se plaint de ne pas les trouver assez francs dans leurs réponses, essaye de forcer Maurepas et Vergennes dans leurs derniers retranchements. Elle lit les lettres diplomatiques, elle oblige les ministres, qui CouTEe DE Maurepas. avaient envoyé une première

dépêche «indécente » au baron de Breteuil, « à revenir sur leurs pas », à composer une seconde dépêche très adoucie, « qui est l'effet de la peur que leur a fait la reine ». Il faudrait lire tout au long, dans une dépêche d'office de Mercy-Argenteau, du 31 décembre 1784, la scène violente que Marie-Antoinette fait à Vergennes devant le roi, à propos de l'affaire de la Hollande et de l’Autriche. C'était l'effet des recommandations de Vienne. Joseph IT avait écrit à Mercy, le 6 novembre, la lettre instructive que voici : « Je n’ai pas besoin de vous recommander, mon cher comte, l'attention la plus suivie à tous les mouvements que vous pourrez observer ou apprendre, qui se