Louis XVI et la Révolution

68 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

feraient dans le militaire français, ou des résolutions qui pourraient se prendre au conseil du roi. C’est le moment où la reine doit, par amitié pour moi et par amour-propre, être bien à la suite de tout ce qui se passera. » La reine était, du reste, déjà fort bien disposée, car, le même jour, Mercy écrit à Joseph IT : « En ce qui concerne les affaires de Hollande, la reine a visiblement opéré quelque bien sur l'esprit de son auguste époux. » Marie-Antoinette va du reste le plus souvent au-devant des désirs de sa famille. Lorsqu’en mars 1782 il s’agit de changer le ministre de France à Berlin, le comte de Pons, et d'envoyer le comte d’Esterno, la reine expédie aussitôt un courrier à Mercy pour le prévenir, lui demander son avis sur cette affaire, sur ce qui pourrait faire plaisir à la cour de Vienne. Déjà en 1778, guidée par le machiavélique Mercy, Marie-Antoinette devait compromettre le ministère et en particulier Maurepas vis-à-vis du roi de Prusse : «Il faudrait, écrit l'ambassadeur à Marie-Thérèse, le 17 août, il faudrait pour ainsi dire mettre un bandeau sur les ÿeux du vieux ministre, le conduire insensiblement de démarche en démarche, sans qu'il s’aperçoive lui-même distinctement, au point où on cherchera à l’amener et à l’engager. Cette marche serait sans doute un peu lente, mais elle offre des avantages, celui entre autres de faire naître de l’humeur entre le roi de Prusse et cette cour. J'ai bien discuté vis-à-vis de la reine le plan de cette marche, et elle est parfaitement décidée à concourir à tous les moyens que je propose. » Elle comprend cette politique et l’admet : c’est déjà de la haute trahison. Auprès du roi, elle procède par l’acharnement, et lui parle tous les jours de l'affaire qui lui tient au cœur. Elle fait appel à son affection, elle se jette à son cou, elle pleure; puis, reprenant son sang-froid, elle surveille, pour employer un euphémisme, le nombre des courriers que le roi de Prusse envoie à Paris : le 43 février, elle prévient sa mère que « voilà déjà cinq courriers de sa part depuis un mois ». Peut-être, ce qui serait une excuse, est-