Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE \

de l’arrière-ban de sa noblesse, à Hugues Aubriot, bourgeois de naissance, mais d'autant plus homme du roit.

C’est un 22 avril qu’eut lieu la cérémonie de la pose de la première pierre; quant au millésime de l’année, on hésite de 1367 à 1371. Deux ans après la mort de Charles V, en 1382, tout était terminé. Cette même année, le jeune Charles VI, déjà un peu fou de la victoire de Rosbecque, remportée sur les communes de Flandre, faisait par la brèche une entrée triomphante dans sa capitale, la véritable vaincue, mettait à rançon les Parisiens, et supprimait la prévôté des marchands.

On a beaucoup reproché à Étienne Marcel son entente avec Charles le Mauvais, le Navarrais, l’allié des Anglais. Voyons la suite. Sous le roi fou, Paris, en haine des Valois et des grands, se livre aux Bourguignons, et par eux aux Anglais. Une Allemande, reine de France, signe et fait signer à tous un trailé où elle proclame comme son fils adoptif et comme légitime héritier de la couronne de France

1. La Bastille dévoilée, description publiée en 1789 et reproduite dans les éditions Barrière (1821) et Didot (1884) des Mémoires sur la Bastille, débute par cette bourde : « La Bastille a été bâtie sous Charles V, en 1370, et ce fut Hugues Aubriot, prévôt des marchands, qui en posa la première pierre. » Vient ensuite la légende mensongère de l’embastillement d’Hugues Aubriot, etc., dont l’érudition moderne a fait justice,