Mgr de Mercy évêque de Luçon et les serments de 1792-1795

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des pièges des faux pasteurs qui les-obsèdent. Ce serait un étrange zèle que celui qui commencerait par le scandale pour arriver à l'édification. Ce n’est pas par de pareils moyens que la religion doit se propager et se soutenir. Ce qu'elle défend comme un mal, elle ne peut pas l'autoriser pour qu'il en résulte un bien. Dieu sait, quand il lui plaît, tirer le bien du mal. Jusqu’aux faiblesses et aux erreurs des hommes, tout peut devenir dans l’ordre de la Providence des moyens de salut pour les élus, mais c'est toujours dansla simplicité de l'Evangile que les docteurs de la loi doivent prescrire les règles à suivre.

« Il faut en convenir, c’est une cruelle alternative pour des : fidèles enfants de l'Eglise d’être privés de pasteurs dans l’ordre dela religion, ou de ne pouvoir en conserver qu’au prix d’une prévarication qui l'afflige. Il est fâcheux pour des pasteurs fidèles d’avoir à choisir entre l’abandon de leur troupeau et un moyen illicite de le conserver. Mais, en pareil cas, le choix ne doit pas être incertain. Oùse trouve le véritable intérêt de la religion, se trouve aussi celui du pasteur et du troupeau ; où le devoir est prescrit, il ne reste que la nécessité de l’accomplir ; et c’est à l’homme d'abandonner le reste à Dieu, de ne jamais désespérer de sa miséricorde. Il est fidèle à ses promesses, il ne nous tente pas au-dessus de nos forces, il n’abandonne pas ceux qui mettent en lui leur confiance.

« Mais, dit-on, c’est risquer de laisser détruire la religion en France, c'est la livrer entièrement au schisme, que de l’exposer à rester sans ministres. Et évidemment elle n’en aurait plus, si tous les ecclésiastiques refusaient le nouveau serment, parce que nécessairement ils seraient tous déportés et peut-être exposés à de plus grands malheurs. Mais si, lors du décret qui a prononcé la déportation contre les pasteurs non assermentés (26 août 1792), on eût été arrêté par cette considération, le refus du premier serment eût été au moins répréhensible. Cependant on est forcé de louer ce refus, parce que le serment eût été une apostasie. Mais si le second, fût-il moins coupable, estcependant illicite en lui-même et nécessairement scandaleux, iln’est pas plus permis de le prêter, malgré les grands inconvénients qui peuvent résulter du refus. Et qu'on ne se flatte pas de pouvoir