Oeuvres diverses, str. 240
— 218 —
Après avoir fait du devoir un caprice divin ct réduit la morale à une ghilde sacrée, M. Simon célèbre tous les spéculateurs en paradis qui ont déchiré leur corps et foulé aux picds leur volonté dans ee but hypocrite. « Les mystiques, dit-il, sont arrivés à de tels raffinements qu’on ne sait ce qu’il faut le plus admi« rer de leur perspicacité ou de leur courage ? Quand ils « ont senti l'insuffisance de la langue humaine pour « exalter la grandeur de Dieu, ils se sont rejetés sur le « néant de l'homme. N'est-ce pas, en effet, le même « hymne? Et que fais-je de Dieu, à quelle hauteur « vais-je le placer quand jé me jette au néant, moi, le « rot de la création ? C’est dans ce même esprit qu'ils « ont usé des cilices et brisé des fouets sur leurs corps, « ou qu'ils ont abandonné leurs parents et leurs amis, « et effrayé le monde du spectacle de leur pénitence. « Mais malgré tous leurs efforts, ce moi qu'ils pour« chassent se retrouve encore au fond de leur cœur. « Déchirés, meurtris, ensanglantés, il est là pour sentir le bonheur et s’anéantir. »
C’est trop d'’audace, en vérité, de faire entendre au siècle de la lutte du travail et de l’activité, l'éloge du suicide misérable de quelques fous inutiles à leur patrie et au monde, de glorifier tout haut leur réverie inféconde et leur anéantissement équivoque, et il suffit, pour réfuter ces basses rapsodies, de les trainer au grand jour de la risée et du mépris.
M. Jules Simon ne recule même pas devant les conséquence de cet anéantissement, base de la fatale doctrine de Molinos ; il dit avee Ravaillac et Balthazar Gérard : « L'idée de la justice est une idée innce. Par « conséquent, si elle nous trompe, c'est Dieu méme « qui nous trompe. » On va loin avec de tels principes ; aussi M. Simon explique, comprend et même admire Tartuffe: « Il y a des sectes mystiques qui com« mencent par le pur’ amour ct finissent par Ja lubri-
A