Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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RAPPORT SUR LE CALENDRIER RÉPUBLICAIN 177

surveillées ; bien sûrs qu'ils étaient que les sexes, plus à même de se mêler, de se montrer l’un à l’autre : que les coqueites, les vaniteuses, plus à même de se produire et de jouir de l'étalage nécessaire à leurs passions, avaleraient, avec le plaisir, le poison de la superstition.

Les prêtres, enfin, toujours pour le bénéfice de leur domination, voulaient-ils subjuguer complètement la masse des cultivateurs, c’est-à-dire presque tout le peuple: c’est la passion de l'intérêt qu’ils mettaient en jeu, en frappant la crédulité des hommes par les images les plus grandes. Ce n’est point sous un soleil brûlant et insupportable qu'ils appelaient le peuple dans les campagnes ; les moissons alors sont serrées, l’espoir du laboureur est rempli; la séduction n'eût été qu'imparfaite : c'est dans Le joli mois de mai, c'est au moment où le soleil naissant n’a point encore absorbé la rosée et la fraicheur de l'aurore, que les prêtres, environnés de superstition et de recueillement, traînaient les peuplades entières et crédules au milieu des campagnes; c'est là que, sous le nom de Rogations, leur ministère s’interposait entre Le ciel et nous; c'est là qu'après avoir, à nos yeux, déployé la nature dans sa plus grande beauté, qu'après nous avoir étalé la terre dans toute sa parure, ils semblaient nous dire, et nous disaient effectivement : « C’est nous, prêtres; qui avons reverdi ces campagnes; c'est nous qui fécondons ces champs d'une si belle espérance; c’est par nous que vos greniers se rempliront : croyeznous, respectez-nous, obéissez-nous, enrichissez-nous ; sinon la grêle et le tonnerre, dont nous disposons, vous puniront de votre incrédulité, de votre indocilité,

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