Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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208 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

Fabre d'Églantine : Après le 10 août, la première opération que le ministre de la Justice se promit de faire fut de changer le sceau de l'Etat. Il s’adressa à la commission des Vingt-et-Un pour opérer ce changement. Il éprouva une résistance qui lui donna beaucoup d'humeur, et il sollicita des artistes pour lui présenter un type qui fût adapté aux circonstances. On lui en présenta un qu’il adopta: c'était un Hercule terrassant le royalisme, entouré de quatre-vingt-quatre étoiles, symbole de l’amitié qui liait les quatre-vingt-quatre départements de la France. Il présenta ce type au comité des Vingt-et-Un, qui l’adopta, après avoir fait retrancher les étoiles et tout signe d'union, fait qui, quoique minutieux, prouve que, dès ce temps, les membres de ce comité avaient des idées de fédéralisme.

L'accusé Gensonné : J'ai été nommé le 12 ou le 43 d’août membre de la commission des Vingt-et-Un. On y discutait la question de savoir si, provisoirement, on changerait le sceau de l'Etat. J'ai appuyé l'avis. Voilà ce que je sais sur ce fait.

Fabre : En sortant un jour de la Convention nationale, nous nous rassemblâmes sept patriotes pour aller diner ensemble; Ducos nous aborda et nous demanda s’il pouvait venir. Nous lui dimes que oui. Pendant le diner, la conversation se passa de notre part en peintures du caractère des membres de la faction et de leur marche, et de celle de Ducos en atténuation. Cependant, à la fin du diner, Ducos nous dit : « Vous les jugez très bien; ce que vous dites est vrai; mais vous avez oublié de parler du plus scélérat d’entre eux, c’est Gensonné. »