Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

DÉPOSITION DANS LE PROCÈS DES GIRONDINS 209

L'accusé Ducos : Il est vrai que l'indépendance de mon caractère et de mon opinion me permettait de fréquenter les députés des deux partis. J'assistai au diner dont a parlé Fabre. La conversation tomba sur les peronnes avec lesquelles j'étais lié dans l’Assemblée législative. La partialité n’entrait point dans le portrait qu'on faisait d'eux. Alors je dis : « Vous jugez vos adversaires sans prévention, mais il en est qui mettent de la haïne dans leur jugement. » Quant au propos que le témoin me prête sur Gensonné, je déclare qu'il avait des opinions politiques qui ne me plaisaient pas, qu'il avait des liaisons dont je voulais éclaircir le motif; mais je n’ai jamais dit qu'il fût un scélérat.

(Fabre persiste dans sa déclaration; il ajoute que Danton, Camille Desmoulins et Tallien pourront attester le fait.)

Fabre : Je vais citer un fait relatif à l'armoire de fer. Roland, après avoir enlevé le dépôt des Tuileries, fut arrêté par la sentinelle qui avait ordre de ne laisser sortir aucun paquet sans un laissez-passer signé ARoussel; les personnes qui me rapportèrent ce fait me dirent que Roland avait l’air fort embarrassé ; heureusement pour lui qu'un de ses affidés lui donna un laissez-passer et lui procura ainsi le moyen de soustraire les papiers qui pouvaient le compromettre ainsi que Ja faction. Citoyens, si Roland n'avait point eu d’intentions criminelles lorsqu'il trouva cette armoire, n'aurait-il pas fait part de la découverte qu'il venait de faire aux commissaires de la Convention, qui étaient dans le château même des Tuileries?

Nous ne tardàmes pas à nous apercevoir, après les premières séances de la Convention, que toutes les

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