Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

DÉPOSITION DANS LE PROCÈS DES GIRONDINS 241

laissèrent dans la salle, et apposèrent les scellés sur la porte. Il fut pris jour avec Lemoïine-Crécy pour faire l'inventaire de ces bijoux, afin de lui en donner décharge; ce fut dans cet intervalle que Roland donna ordre à Crécy de céder sa place à Restou. On écrivit aux bijoutiers de venir faire l'examen des bijoux ; ils ne vinrent pas; on récrivit une seconde fois. Un d’eux était en chemin pour se rendre à l'invitation; mais il rencontra un quidam qui lui dit : « Vous allez faire des pas inutiles, car vous ne trouverez personne. » Il retourna sur ses pas, et le lendemain le vol fut fait.

Dans la procédure qui a été faite contre les voleurs qui ont été mis à mort, il n'a été nullement question de la cassette de bijoux dont je viens de parler et que Crécy avait déposée, en présence des membres de la Commission des monuments, dans l’une des salles du Garde-meubles. J'observe d’ailleurs que si des hommes, pressés par les circonstances, eussent trouvé cette cassette, ils s’en seraient contentés et ne se seraient pas amusés à briser des vases pour en retirer le peu d'argent qui les décorait. Voilà ce que j'avais à dire sur ce vol extraordinaire. J'ajoute un fait; c’est que Thuriot m'a dit qu'un de ces voleurs, arrêté dans le faubourg Saint-Antoine, fut assassiné au moment où il allait donner des éclaircissements. J'appelle sur ce vol la responsabilité de Roland et celle de toute la coalition dont il faisait partie.

L'accusateur public : J'ajoute un fait. Les voleurs du Garde-meubles se sont échappés des prisons le 2 septembre. J'envoyai quinze mandats d'arrêt au ministre de l'Intérieur, Roland, pour les faire réintégrer dans les prisons; . ces mandats d'arrêt sont restés sans exécution.