Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

DÉPOSITION DANS LE PROCÈS DES GIRONDINS 214

lorsqu'il est venu à Paris, était porteur de dépêches pour Gensonné, de la part de Dumouriez?

‘abre : Kellermann me l’a dit.

Gensonné : Je déclare n'en avoir reçu que deux des mains de Kellermann.

Fabre d'Églantine : Au commencement de l’établissement du Comité de défense générale, il n’était composé que des membres de la faction. J'assistai à toutes ses séances. Un jour où les nouvelles des armées ne nous avaient pas été favorables, Brissot, Guadet et le général Laclos vinrent au Comité; les deux premiers, avec des discours préparés, proposèrent de porter la guerre en Espagne et d’entrer sur le territoire de cette puissance par l’Aragon et par la Catalogne. Leur plan était de tirer toutes les troupes du Midi. Le général Laclos l’appuya fortement; je demandai la parole. quoique je ne fusse pas membre du comité ; je démontrai combien ce plan était désastreux, et combien il était imprudent d'employer la moitié des forces de la République contre une puissance qui ne s'était point encore déclarée, tandis que le Nord exigeait toute notre sollicitude. Ils abandonnèrent ce plan, et il ne fut plus reproduit.

L'accusé Brissot : La conférence dont parle Fabre a eu lieu le 5 janvier, et je dois vous faire connaître, citoyens jurés, quelle était à cette époque notre situation vis-à-vis de l'Espagne. Si vous consultez la correspondance de Bourgoin, vous y verrez ces propres mots: « La reine d'Espagne est furieuse contre la République- française; elle vient de faire chasser d'Aranda, qui paraissait incliner