Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
20 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE
peuple français, ont été soutenus par deux ou trois récits qui ont été presque aussitôt démentis. Ce rapport a donné lieu à une motion portant en substance qu'il est temps que les échafauds s'élèvent ; mais comme il était repoussant de rejeter ces prétendus excès sur le peuple, parce que le peuple est essentiellement bon, on s’est replié sur les agitateurs qu'on a semblé vouloir désigner dans le sein des Jacobins, des Cordeliers. Cette motion a été combattue par les vrais Jacobins, accusés d’être les flagorneurs du peuple; par ces hommes que vous avez vus sous le joug des décrets, écrasés par la loi martiale, exposés aux poignards, au poison ; et ces hommes ont presque été traités de factieux. Il présidait * à cette motion une telle astuce, qu’il était facile de voir que c'était contre les patriotes que cette loi paraissait dirigée.
Tallien, Collot, et moi, avons combattu cetle motion en démontrant qu'il existait des lois contre les assassins. Alors Buzot est monté à la tribune, et, par un discours qui m'a paru étudié à l'avance, car, s'étant interrompu, il a repris exactement les mêmes expressions, il a fort adroitement tourné la question, et est tombé sur la ville de Paris avec un acharnement dont j'ai peine à revenir. Il a dit à toutes les députations : Croyez-vous qu'il n’y ait pas dans les députations des départements assez de sujets courageux pour s'opposer au despotisme de la députation de Paris ?... *.
Je reprends, et je disais donc que Buzot, prétextant dans son discours le plus grand étonnement, disait :
1. Ici Fabre est interrompu par un auditeur qui demande la parole contre lui. Le président, Pétion, la réclame pour luimême, afin de prendre la défense de Buzot.