Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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sort exclusif de la conscience. Il cite saint Augustin déclarant valables les mariages des infidèles, il invoque l’usage de l’Église qui ne remarie pas les païens convertis, et il pose, d'une main ferme, la limite qui sépare l'autorité purement morale de l'Église du pouvoir matériel et coercitif dont le souverain est investi !.

Le principe posé, il se demande quels effets produirait l'application des lois contre les protestants. Il montre que ces infortunés, voués par la législation et pour le seul crime d’indépendance religieuse au célibat ou à la débauche, se convertiraient uniquement en vue du mariage et deviendraient ainsi, pour l’Église catholique, une honte et une plaie. Il affirme l’union nécessaire de la tolérance et du sentiment religieux et il maintient le principe de la liberté de conscience dans cette page où l’âme de l’auteur a passé tout entière :

« Qui pourrait penser que la religion, qui ne s’est » établie que par la douceur, voulût se maintenir par » la force ? Ne serait-ce pas choquer les grandes vues » du christianisme, lui enlever une grande preuve de » sa divinité, et tourner contre les hommes le plus

1. « Nous sommes éloignés, dit-il, de vouloir ravir à l’Église le » droit d'inspection naturelle qu’elle a sur les devoirs des époux, » sur l'honnêteté et la sainteté de leur engagement. La religion » embrasse tout l’homme ; elle règle toutes ses actions; elle dirige » toutes ses pensées ; mais celte inspection générale ne peut » s'exercer que par les voies douces de la persuasion, et jamais » par la voie coactive de l’autorité proprement dite, qui réside et » ne peut résider que dans le souverain. » (Gonsultation. — Discours et rapports sur le Code civil, page 454.)