Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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ner sous le nom de Tribunal criminel, c’est bien là le début de la Terreur.

Ce qu'était Paris à cette époque, un témoin oculaire va nous le dire, le plus puissant évocateur du passé qu’ait eu le siècle actuel, Chateaubriand. Il écrit dans ses Mémorres d’outretombe :

« Paris n’avait plus, en 1792, la physionomie de 1789 et de 1790 : ce n’était plus la Révolution naissante, c’était un peuple marchant ivre à ses destins, au travers des abîmes, par des voies égarées. L’apparence du peuple n’était plus tumultueuse, curieuse, empressée : elle était menaçante. « On ne rencontrait dans les rues que des figures effrayées ou farouches, des gens qui se glissaient le long des maisons afin de n’être pas aperçus, ou qui rôdaient cherchant leur proie : des regards peureux et baissés se détournaient de vous, ou d’âpres regards se fixaient sur les vôtres pour vous deviner et vous percer.

« La variété des costumes s’effaçait ; on avait endossé la casaque uniforme du monde nouveau, casaque qui n’était alors que le dernier

vêtement des condamnés à venir.