Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)
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même par cette formule solennelle : « La patrie est en danger.» A cette déclaration, toutes les autorités, sur la surface du royaume, —on disait encorele royaume,—se mettraient en permanence.
Dans les jours qui suivirent, arrivèrent les plus graves nouvelles du théâtre de la guerre. Cinquante mille Prussiens avaient passé la frontière et marchaïent sur Paris. Derrière eux s’avançaient, pour les appuyer, deux cent mille soldats, toutes les troupes de la coalition, et vingt mille émigrés. À ces armées, on n’avait à opposer que soixante et dix mille hommes à qui tout manquait, les vivres, les armes, l’argent. Les arsenaux étaient vides, le Trésor létait aussi. Jamais grande nation ne connut plus effroyable détresse.
L’Assemblée nationale se décide à prononcer les paroles fatidiques : « La Patrie est en danger ! » Et tout aussitôt, s’ouvre l’ère héroïque. Le 22 juillet au matin, dans Paris, pour ne parler que de Paris, le tocsin sonne, le canon d'alarme retentit, tambours et trompettes, de toutes parts, se font entendre. Des gardes à cheval parcourent les rues. Ils portent des bannië_
res aux couleurs éclatantes, sur lesquelles, en