Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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crogait avoir abattus pour établir un culte nouveau et pour arriver à la domination suprême par le pontificat. Le culte qu'il parut choisir, ce fat le déisme pur, qui, s’il n’a jamais fait la loi des nations , a fait du moins celle de plusieurs sages. Il avait quelque idée vague de créer de nouveaux dogmes, ou tout au moins d’instituer de nouvelles cérémonies autour d'une religion si simple, qui frappe peu et subjuge encore moins le peuple. Il voulait pour cela susciter quelques enthousiastes dont les rêves eussent été annoncés pour une révélation, et se servir même des débris de la religion chrétienne , qu'il regardait comme renversée ; aussi n'était-il point persécuteur des prêtres qui avaient prêté le serment; il leur accordait, depuis quelque temps, une protection timide, dans l'espérance d’en tirer quelques secours pour ses projets. Le succès au moins momentané d’un tel plan eût demandé la plus brillante imagination dans son auteur; jamais homme n’eut une imagination plus stérile que Robespierre. Les circonstances le favorisaient. Si la même main
ui voulait relever les autels de la Divinité eût renversé les échafauds, cette humanité tardive, mais inespérée, aurait plus agi sur les cœurs que de vaines déclamations ne pouvaient agir sur les esprits. Le ciel ne permit pas que Robes-
ierre jouît du fruit de ses crimes. é
Ji parut à la tribune de la convention , y lut un discours sans verve et sans vigueur, qui n’était qu’une imitation glacée de l’éloquente profession de foi du Vicaire Savoyard, de 3. J, Rousseau. Telle était sa maladresse, qu’il conservait encore les réticences d’un sceptique, lors même qu’il voulait feindre le plus vifenthousiasme.
Ce discours, malgré sa trivialité , sa tiédeur , doit pourtant être considéré comme le plus étrange monument d’audace : Robespierre invoque Dieu !
Il ne sut finir que par un impudent sacrilége. Il proposa ce décret: Le peuple français reconnait l'existence de l'Etre supréme el l'immortalité de l'ame.
La convention lui prodigua les mêmes applaudissemens qu’elle avait donnés à Chaumette proclamant lathéisme. L'on vit, jusque sur la cime de la moutagne, des hommes tout dégouttans du sang qu'ils avaient versé la veille se presser, s’agiter pour reconnaitre Dieu. Cependant chacun attendait encore avec des sentimens divers ce que Robespierre allait proposer de plus. I n'eut plus rien à offrir, qu'un long catalogue de fêtes décadaires. Il osait les consacrer à la pudeur, à l'amitié, à l'amour, à l'amour conjugal, à la tendresse maternelle, à la piété filiale, au respect pour le malheur ! .…. Mais la première devait être à l’Etre suprême;