Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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liste d'émigrés. A Tarascon, une prison fut forcée, et plusieurs détenus y recurent la mort.

Dans louest de la France, des massacres beaucoup plus étendus présentaient un peu plus l’image des combats. Cette seule partie de la république semblait avoir des forces pour soutenir une guerre civile, et payait cher ce funeste privilége. La convention, dans le désir de faire cesser cette vaste effusion du sang français, avait fait taire son orgeuil, ses préventions, sa vengeance. Les commissaires qu’elle avait chargés de négocier avec les chefs des rebelles, dirent : La Vendée est calme, à peu près avec la même précipitation que, dans un système sanguinaire, d’autres hommes avaient dit : La Vendée est détruite. C'était une trève qui avait été présentée comme une paix ; le panache blanc avait flotté auprès des couleurs tricolores ; la gloire de Charrette avait été élevée au-detsus de celle de tous les rois d'Europe, les üus accablés par la guerre, les autres huimiliés par la paixe 11 conservait un domaine, fort étroit à la vérité, mais que tant de combats avaient fait regarder comme nne forteresse inexpugnable. Il avait osé demander pour les Bonrbons ce que de puissans potentats, leurs parens ou leurs alliés, n’osaient plus demander à la convention. Il parlait de conditions mystérieuses, d'articles secrets, et tels qu’il aurait pu les dictér près des murs de Paris. Il était plus aisé de désavouer que de châtier ces discours. Les Bourbons, loin de se plaindre d’une apparente défection de leur plus intrépide défenseur, annoncaient qu'il réparait ses forces, et publiaient que le salut de l’Europe n’était plus que dans la Vendée. Le gouvernement anglais , pour la première fois, rougissait de la faiblesse et de la parcimonie trop suspecte de ses secours. M. Wyndham promettait avec ardeur; Pitt promettait, avec moins de sincérité, de réparer ce long et ingrat oubli des services de la Vendée ; le comte d'Artois paraissait demander avec un vif empressement qu’on le fît aborder sur cette terre héroïque.

* Les faits amènent bien rarement le nom des frères de Louis XVI dans une histoire qui a pour principal objet la chute du trône des Bourbons. Je saisis cette occasion d'en parler. Il n'avait été accordé qu’à l’un d’eux , le comte d’Artois, de faire un court apprentissage des armes dans l’expédition de Champagne. Depuis cette époque, les rois alliés ne s'étaient plus servis de leurs secours ni de leur nom. Ïls furent condamnés au plus grand des supplices , l’inaction dans le malheur. Le comte de Lille, pendant la captivité et depuis la mort de Louis XVI, avait recu les titres de liéutenant-général du royaume et de régent. Après la