Quelques lettres de G. -H. Dufour (1813-1815)

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ment. Il fut averti de ce péril par un des hommes dont, après sa longue carrière, il aimaitle mieux à se souvenir, le colonel Baudrand, directeur des fortifications des îles Ioniennes. Il répétait souvent à son jeune camarade : « Ne vous contentez pas d’être un bon officier du génie, connaissez les autres services, apprenez à commander aux hommes. » Ne se bornant pas à de stériles conseils, il lui donna le commandement d’une forte compagnie de sapeurs, « pour le frotter aux hommes. » Il y joignit l’administration d’une section du train du génie, et Dufour ne cessa pas de remplir auprès de lui ses fonctions ordinaires d’officier d'état-major : le vainqueur du Sonderbund lui a été reconnaissant, jusque dans son extrême vieillesse, de cette multiple et vigoureuse éducation pratique. »

C’est précisément au colonel Baudrand que sont adressées les lettres qu’on va lire et dans lesquelles G.-H. Dufour se retrouve déjà tout entier, tel que notre génération l’a connu beaucoup plus tard, avec son esprit d'ordre et de régularité, son activité laborieuse, son caractère ouvert et loyal, sa bonhomie enjouée. — Son correspondant était de treize ans plus âgé que lui. Né à Besançon en 1774, il avait servi dans les armées