Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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gale, parce que s’ils étaient coupables, comme je le crus d'abord moi-même à la première inspection de quelques papiers qui furent saisis chez le citoyen Baudit, ils devaient subir le sort qu’elle leur préparait, je n’étais inquiet que sur celui que je voyais leur être destiné par leurs assassins, et sur le peu de moyens que pouvait opposer le Gouvernement, dont je ne connaissais déjà que trop la faiblesse.

On a toujours parlé de complots lorsqu'on a cherché à mettre le peuple en mouvement ; mais si jamais il y en a eu un de prouvé, c’est bien dans cette occasion: ceux qui l'avaient formé, au lieu de se rendre, au son du tocsin, à leur place d'armes respective, furent comme des faclieux à la Maison-de-Ville et à la Porte-Neuve, seules places que leurs chefs leur avaient sans doute assignées: là ils se permirent des excès qui annonçaient, à ne pouvoir s'y méprendre, les projets les plus sinistres; ils criaient à tue-tête à la place Neuve, à bas le Gouvernement ! à bas la Constitution! Dans l’intérieur de la Maison-de-Ville, ils investirent la salle du Conseil, et ne permirent plus qu’à un très-petit nombre de ses membres de pouvoir aller et venir, mais toujours sans sortir de la maison. Le citoyen Dechoudens-Chastel , informateur, s'étant présenté à la porte du Conseil, ils lui observèrent que s'il entrait dans la salle il ne pourrait plus ressortir ; cependant plusieurs fonctionnaires publics entraient et sortaient en toute liberté : à l'extérieur, ils désarmaient, frappaient et maltrailaient ceux qui, ne pensant pas comme eux, avaient le malheur de tomber dans leurs mains. Un citoyen {que je nommerai quand je pourrai le faire sans l’exposer), se rendant, au son du tocsin et en