Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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tées par les Syndics furent donc rejetées par le Conseil à la majorité de six voix contre cinq. Il erut pourtant devoir encore renvoyer cette affaire au Syndic Solomiac, pour consulter, dans le jour, les majors et les aides-majors.

Rien d’extraordinaire ne se passa jusqu’au jeudi 22 : la Cour Criminelle avait annoncé la veille que la prononciation des jugements aurait lieu le dit jour, à neuf heures du matin ; elle s’assembla à cet effet, maiselle ne fut prête à prononcer qu'à onze heures. Ce fut vers celte heure-là que l’on fut chércher les prisonniers, pour venir ouir leur sentence. Pendant les deux heures que la Cour se fit attendre, la foule grossit considérablement dans la chambre des pas perdus, et ce ne fut qu'en se barricadant, que les huissiers purent empêcher que la porte de l’antichambre de la salle de la Cour Criminelle ne fàt enfoncée. Enfin, les prévenus arrivent, et sont introduits devant leurs juges. Au moment où la sentence, qui condamnait les citoyens Baudit et Pradier à un bannissement temporaire, fut prononcée, des cris à mort! à mort! éclatèrent de toutes parts avec une telle fureur, qu'il semblait que le crime qui s’est commis devait se perpétrer à l'instant mème. En peu de minutes la foule se répandit dans les corridors et dans la cour, en vociférant sans cesse ces cris de mort. Il sera toujours difficile de se faire une idée de l’état de perplexité dans lequel étaient les Syndies et le Conseil en ces moments épouvantables, n'ayant absolument que des moyens moraux à opposer à deS furieux. Chacun sait ce que peuvent aujourd'hui de parcils moyens ! Les treize citoyens, dont huit absous, qui venaient d’être jugés, étaient encore dans la salle où siégela Cour Criminelle : cette