Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

— 155 salle communique avec la chambre dite ci-devant de la Reine, et qui lui sert d’issue : tout à coup une foule considérable, et vociférant toujours ces cris de mort, se presse à la porte de cette chambre pour en forcer le passage et fondre sur ces malheureux : un desquels, le citoyen Courthésy, qui était absous par jugement, prit le parti de se précipiter par une fenêtre, pour éviter une mort qui lui paraissait certaine. Témoin de ce mouvement, je crus leur perte inévitable; je courus dans la salle du Conseil. Dépourvus de tout moyen de répression, il ne restait que celui de se présenter à eux; mais un certain nombre des membres du Conseil seulement pouvait le faire avec quelqu'apparence de succès ; ils le firent, et en particulier le citoyen Victor, administrateur, qui, je le déclare, a fait dans cette journée toul ce qu'il est possible d'attendre du zèle le plus ardent du meilleur des citoyens. Sur ces entrefaites, je fus abordé par le citoyen Mathieu Nal, qui me dit: Citoyen syndic, si malheureusement cette porte vient à étre enfoncée, ils sont perdus ; je vous en prie, allez et présentez-vous à ceux qui cherchent à la rompre, je suis sûr que vous les apaiserez. Je lui répondis que j'étais loin de penser de même; mais que puisqu'il le croyait ainsi, j'y allais de suite. Le citoyen Na! me laissa aller seul. Arrivé devant la porte, je trouvai les huissiers très-occupés à employer tous leurs moyens pour empêcher qu'elle ne fût forcée. Je leur demandai son ouverlure pour me présenter aux assaillants, et faire en sorte de les apaiser; ils me répondirent : Cotoyen syndic, si vous l’ordonnez, nous l’ouvrirons ; mais alors tout est perdu. I} y aurait eu de la témérité à persister; je me relirai, en leur recommandant de ne rien négliger pour em-