Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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prendre une assiette un peu plus tranquille, lorsque le citoyen Lissignol vint au syndic Solomiac pour lui demander à être porteur d'un ordre du Conseil pour faire évacuer le hangar, disant qu'il avait la presque certitude de réussir dans sa démarche : le Conseil adopta cette mesure; l’ordre lui fut délivré, et environ trois quarts d'heure après il revint accompagné du citoyen Emelaz, major, informer le Conseil que Choffa et son détachement avaient évacué le hangar; que l'artillerie était rentrée et les munitions rendues au Quartier-Maître, mais qu'il n'avait obtenu son obéissance à l'ordre que sous la promesse expresse qu'il lui avait faite de lui servir de plastron si jamais il se trouvait exposé par les suites de celte affaire. . ..

Dès lé moment où les nouveaux syndies furent en place, ceux qui ne les voyaient pas arriver là avec plaisir, commencèrent par couvrir d'épines le chemin du devoir ; mais ils ne tardèrent pas à s’apercevoir que cet obstacle ne ferait qu’'accroitre leur zèle et leur persévérance; alors ils changèrent leur tactique; et nouveaux Baziles ils convinrent, dans leurs conciliabules, d'employer la calomnie. Un de leurs chefs leur dit un jour (à ce qui m'a été rapporté): Allez, mes amis, ne vous pressez pas, ùl mous fautun prétexte pour agir, nous le trouverons plus 164 que vous ne pensez ; soyez prudents, mais harcelez-les sans cesse, ils ne manqueront pas de donner dans le piége, et je vous réponds qu’alors nous me les ménagerons pas, portez-vous seulement, au premier signal, en masse à la Maison-de-Ville et à la place Neuve, et tout ira bien. Voilà le rapport qui m'avait été fait, et que l'événement a

pleinement justifié; j'en fis part, dans le temps, à mes 11