Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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collègues. Il ne raisonnait malheureusement que trop juste, le misérable! et la journée du 20 juillet vint accomplir ses vœux en remplissant ses espérances : ce jour le plus critique peut-être dans lequel la République se soit jamais trouvée, des hommes ne craignirent pas de demander à grands cris la tète du citoyen syndic Gaillard. Qu’avait fait ce magislrat pour se trouver exposé à un péril aussi imminent qu'inévitable, lorsqu'une faction paralyse toutes les opérations du gouvernement? Ce qui lui a été reproché. en particulier, était d’avoir fait sonner le tocsin : il est vrai que son nom seul fut apposé à l’ordre qui fut expédié; mais ilne se donna que d’après l'arrêté qui avait été pris par les syndies et administrateurs. Voici encore un fait non moins grave.

Des membres du Conseil, qui étaient absents lorsque les syndies el administrateurs avaient pris l’arrêté de faire immédiatement sonner le tocsin et battre la générale, criminalisèrent hautement et particulièrement les syndics d’avoir pris cette mesure ; approuvèrent ceux qui avaient arrêté les tambours au moment où ils partaient de la Maison-de-Ville, en blâämant cependant la violence qu'ils avaient exercée contre le citoyen syndic Delor ; et déclarèrent qu'après un acte qui exposait d’une manière si évidente la tranquillité publique, il leur était impossible de répondre des événements, ei l'un d’eux fut sur le point de se retirer, en protestant, disait-il, contre tout ce qui s'élait passé en son absence. Cependant, ce n’avail été que d’après les rapports les plus alarmants et les sollicitations les plus vives de très-bons citoyens, et en partieulier du citoyen Luc Sestié, que cet arrêté avait été pris ; d'ailleurs, le Conseil, convaincu par tous les avis qui lui