Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

—. 163 étaient donnés, du danger imminent que Courait la chose publique; instruit que les portes de la Fusterie avaient été forcées, et que les citoyens les plus échauffés s’y rendaient en foule, n’avait pas d'autre parti à prendre pour dissiper ce rassemblement. Mais commeil estévident que ceux qui avaient envie de s’insurger, ne craignent rien autant qu’une prise d'armes générale, ilest facile de comprendre quelle était l'intention de ceux qui voulaient charger particulièrement les syndics d’avoir pris seuls cette mesure; c'était le plus sùr moyen pour les rendre odieux au parti qui voulait agir seul, rien ne prétant davantage aux fausses insinuatons qu’on pouvait faire sur l'intention qui les avait guidés : les ennemis du bien public n’ont pas manqué de profiter de ce moyen. Ce qui vient encore à l’appui de mon raisonnement, c’est que le lendemain, lorsqu'il fut question de la rédaction du registre de la veille, le secrétaire du Conseil ÿ ayant consigné le tableau fidèle de ce qui s'était passé, on y trouvait que le tocsin avait élé sonné de la part des syndics et conseil. Les citoyens administrateurs Roch et Voulaire demandèrent le rapport de cette expression, prétendant que les syndics seuls l’avaient ordonné ; il ne fut pas difficile de leur faire voir qu'ils se trompaient, et le citoyen administrateur Soret, en particulier, leur prouva combien était grande leur erreur. Les syndies consentirent à être nommés seuls au registre, croyant qu'il était audessous de la dignité de leur place de craindre de paraître avoir fait usage d'un pouvoir que la loi leur donnait, et dont l'emploi avait été si clairement nécessité par le danger de la patrie, l'honneur et le devoir. Cette journée devait nécessairement être fatale à la République ; les