Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903

LECON D'OUVERTURE DE M. LE PROFESSEUR BonET-MAURY

EDGAR QUINET

SA PHILOSOPHIE RELIGIEUSE ET SON CARACTÈRE

Mespames, MESSIEURS,

Je ne doute pas que plusieurs d’entre vous, en lisant l'annonce de ce discours, se sont écriés : « Encore du Quinet! Voilà six mois qu'on nous en a rebattu les oreilles. Que peut-on dire de nouveau sur lui? » — Si j'avais besoin de justifier le choix d'Edgar Quinet pour sujet de cette leçon, je pourrais me contenter de vous citer quelques lignes extraites de son Zxamen de la vie de Jésus, de Strauss, et trop oubliées. « Pendant que la Réforme est en proie à une crise prodigieuse, disait-il, n'est-il pas incroyable que nous n’ayons pas à Paris une Faculté de théologie protestante, qui nous représente ce mouvement dans une discussion sévère? Se peut-il que nous soyons réduits à des articles de revue? Les immenses débats de la critique moderne touchant les Écritures et l'Histoire ecclésiastique, se consommeront-ils, sans que la France, qui à fondé l'exévèse sous Louis XIV, ait aujourd’hui un seul mot à dire sur ces questions? » (1).

Si vous songez que ces lignes furent écrites en 1838, vous m'avouerez qu'il faut ranger Quinet parmi les amis de notre Faculté avant la lettre, et qu’un si bon prophète à bien quelque droit à notre attention. Mais il y a une autre et plus décisive raison, pour que je vienne aujourd'hui vous entretenir de lui,

(1) Voir Premiers travaux, page 113, note 1. Allusion à Richard Simon.