Sénat : Session ordinaire de 1911 : Séance du mardi 28 mars
si M. le rapporteur. Je vous ré
_ est officiel qu'il a été acquitté
M. Goirand. Dans tc ù Naundor
aundorff n'a pas été usse monnaie
Goirand.... des événements et repro-
les interrogatoires.
Nous sommes donc en présence de faits
dont le caractère criminel ne peut être
dénié.
Mais la justice de l'étranger n'est pas
seule’ à avoir condamné Naundorff...
M. lo rapporteur. Lisez donc le jugement! Je vous en défie. (Murmures à droite.)
. M. Goïrand. la justice française a eu …_ aussi à s’en occuper.
ES M. le nier Il ne s’agit, en ce mo| ment, que de la justice allemande. (Zxcla_ malions à drole.)
Fr M. locomte de Goulaine. Laissez parler
FE J'orateur. Pendant votre discours, vous ne nous avez pas permis une seule fois de placer une observation |
M. Goirand. La justice française ellemême «saisie d'une plainte en escroquerie contre lui à la requête d'un père dans l’intérêt de:son fils mineur, n'a rendu son ordonnance de non-lieu que parce que le prévenu était expulsé de France, mais en même temps elle a retenu l'acte délictueux et la flétri.
En général, messieurs, ces pétitions d'hérédité ne sont pas absolument désintéressées. On pourrait croire que, dans le cas présent, toute satisfaction serait donnée aux demandeurs si on les proclamait les héritiers de Louis XVI...
| - M. Reoymoneng. L'hérédité est prouvée : + Louis XVI était serrurier, son fils pouvait bien être graveur.
É. M. Goirand. ...mais, en fait, derrière ces . légendes se cachent souvent des appétits FF: et des intérêts que l’on soupçonne sans pouvoir les prouver. (Mouvements divers.) Tous les actes d'appel visent la liquidation des successions de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Tous disent que ces suce cessions: ont été appréhendées par le comte 2 de Chambord, auquel il s’agit précisément _ de fairerendre gorge. (Æxciamations el rires sur un grand nombre de bancs.) | Derrière les auteurs de cette pétition qui paraissent ne revendiquer que l'honneur : d'un nom, il faut voir les amis qui chiffrent la valeur des successions, et parmi ces amis j'en signale un qui fait preuve d’une ardeur peut-être un peu romanesque dans ses prévisions. M. Gruau de la Barre, dans une brochure publiée à Rotterdam en 14848, reproduit une lettre de M. Brémond père, un des chauds partisans de Naundorff, qui, pour les hommes attachés à l'étude de la question, représente précisément un des facteurs principaux de ces revendications. Cette lettre est ainsi conçue :
« 24 février 1837.
« Mon cher prince, 4 « En 1815,. le capital remis à Blacas, par D son ami de Monciel, était de 307 millions,
qui furent placés dans l'étranger, portant 9 millions dé rentes. J'ai su l’année dera nière, par quelqu'un de la maison de la duJE chesse de Berri, que votre auguste sœur tra-: + vaillait à placer son mari sur le trône, par | BÉNAT == IN EXTENSO.
dissances du Nord 44 millions. Je nt deux
qu elle ai 6 dis que ce n'était qi ans du trésor de la
Si Dieu vous destine une armée sonnante, elle est dans la poche de votre auguste sœur; et elle vous appartient.
« Je vous envoie, mon cher prince, la copie du testament politique de mon ami
Monciel; vous y trouverez...
« Puisse Dieu, dans sa miséricorde pour la France et pour votre auguste sœur la convertir et vous la rendre, avec les trésors qui vous appartiennent.
« Tous pactisent avec M. de Blacas!...
« BRÉMOND père. »
(Très bien ! très bien! et rires à droite.)
Eh bien, oui, Les trésors! Est-ce que vous croyez qu'il n'y à pas dans cette affaire des espérances de lucre, autant et plus peutêtre qu'il n’y en avait dans l'affaire Humbert. (Rires.)
M. Le Provost de Launay. Crawford existait de la même façon.
M. Goïrand. Il s'agissait là d’une succession anonyme; on ignorait où avait vécu Crawford, on ne savait pas de qui les Humbert devaient hériter. Cependant l'argent affluait pour soutenir les droits des prétendus héritiers,
Dans l'affaire Naundorff, les précisions sont plus grandes; on sait très bien le nombre des millions, de qui ils viennent et qui les a appréhendés.
Le scandale auquel nous avons assisté ces années passées a démontré chez les tiers beaucoup plus de naïveté que de complicité; on comprend également que des gens de très bonne foi se laissent ainsi aller à soutenir des droits qui paraissent établis par des documents historiques; mais je me demande si le rôle du Sénat est bien de nourrir le dossier Naundor!f (Rires el applaudissements sur un grand nombre de bancs) et d'ajouter au dossier un document nouveau pour rendre plus plausible une pétition d'hérédité qui peut couvrir les pires convoitises. Nous devons plutôt suivre l'exemple pru-
dent de la société d'histoire. Son président, :
M. Aulard, mis en mouvement, à la demande même, je crois, de notre collègue M. Boissy d'Anglas, avait chargé une souscommission d'étudier la question. Gelle-ci a conclu en disant que, dans l’état actuel des documents, la question n'existait pas.
Je crois que le Sénat doit adopter la même :
solution : la question pour lui ne doit pas exister, si elle existait il ne devrait pas en connaître. Au surplus, il y à du reste dans l'ensemble des faits, tant de raisons de douter de la probité et de la bonne foi de bien des gens qui s'adressent à nous que je considère qu'il est de la prudence La plus élémentaire de réserver notre opinion et de déclarer que nous nous en désintéressons et que nous passons purement et simplement à l'ordre du jour. (Très bien! très bien!
D TRIO RER Een PEER | « Portrait d'un des Louis XVII : Charles X. »
de bancs.)
M. Dominique Delahaye. Je demande la
parole
M. le président. La parole est à M. De-;
lahaye.
M. Dominique Delahaye. Messieurs, je :
me suis permis d'interrompre M. de Lamarzelle pour ajouter à l'énumération des
pièces à consulter des documents moins.
connus; ma courte apparition à la tribune me permettra de rendre hommage à un
293°
Lo
belge, ami de la F | en 1906, a remis au cabinet des eéstampes une collection qe va permettre d'imprimer, ses frais, à l'Imprimerie nationale, dix olumes dont le premier seulement vient
raître. Ges dix volumes auront pour
l'E le de l’histoire de France par l'estampe, 4871. » M. François-Louis Brunel, du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, est chargé de la rédaction du catalogue.
_Je suis allé voir la partie de cette collection d’estampes relative à la question qui nous intéresse, les portraits de Louis XVII et les portraits de Naundorff, À la simple inspection des uns et des autres, ma conviction a été faite, Mais, comme je ne suis point un artiste, j'ai voulu confier à un Spécialiste le même examen. Obligé de partir pour Angers vendredi, je me suis borné à écrire à un ami de Paris qui a beaucoup de relations parmi les artistes et qui a prié M. Louis Journot, graveur, d’aller faire cet examen. -
A l'instant, on me remet cette note :
«En comparant minutieusement les portraits de Louis XVII enfant avec ceux (lithographies et gravures) de Naundorff, à mon avis il me semble qu'on ne peut hésiter; ce sont deux personnages différents On ne peut subir de si grandes transformar tions.
« Dans tous ses portraits, Louis XVII aïs front et le nez droits. Naundorff, au com traire, a le front bombé et fuyant; quart au nez il est fortement busqué.
« De plus, il existe une douceur dans les yeux de Louis XVII que l'on ne retrouve pañ dans ceux de Naundorff. -
€ LOUIS JOURNOT. » :
M. Journot n'a point vu dans la collectio de Vinck le nez légèrement retroussé dont je vous ai parlé la semaine dernière & propos du portrait de Louis XVII, peint sur l'ordre du comité de Salut public par Vien, portrait que, d'ailleurs, je ne suis pas allé voir chez M. Henri Rochefort.
Mais, dans le rapport de M. Boissy d'Anglas, aux premières pages, vous voyez deux portraits d'enfants : Louis XVII au nez légèrement retroussé et au menton très prononcé, et Charles-Louis de Bourbon, petit-
| fils de Louis XVII-Naundorff, au menton
très fuyant; ce qui prouve bien qu'il n'y a entre eux aucune espèce de parenté. Je recommande à votre attention les preuves données par la commission. A l'aide de ces preuves elles-mêmes, vous pouvez voir que non seulement.il n'y a pas descendance, mais qu'il y a même incompatibilité absolue entre eux. Tout à l'heure, ce sont les médecins qui nous le prouveront.
Mais vous avec encore un document bien autrement probant, c’est l'article du Correspondant du 25 mars dernier simplement indiqué par mon honorable collègue M. de Lamarzelle et publié par M. François Laurentie à propos d'un portrait inédit de Naundorff de 1832.
Ce portrait appartient à un député de Maine-et-Loire, M. le duc de Blacas, dont le grand-père le tenait de Charles X, qui a écrit de sa main, en le recevant de Naundorff:
« Bref, dit M. François Laurentie, cette
miniature est, pour l'histoire de Naundorf,,
et pour l'histoire en général, du plus haut intérêt. ; «D'abord, on n'en connaît pas de plus ancienne. G'est donc là que nous devons retrouver les traits de notre héros le moins altérés par l'âge. C'est là aussi que, de toute évidence, la sincérité est ie moins contestable. Faite-hors de France, les souvenirg nationaux ont dû impressionner beaucoux moins fortement son auteur. » 33.
rance, M. de Vinck, qui,
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