Sénat : Session ordinaire de 1911 : Séance du mardi 28 mars
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M.Francois Laurentie termine ainsi l'étude
-du portrait:
« Si d’ailleurs la première miniature de
Naundorff diffère du ou des portraits de Lecourt, elle diffère bien davantage encore du visage qu'aurait eu le dauphin véritable vivant à celte époque. C'est folie pure que de trouver à cette effigie une ressemblance quelconque avec Louis XVI ou Marie-Antoinette. I ya de plus ss à y retrouver lestraits connus de Louis XVII.
«4° Louis XVII, on ne le répétera jamais trop, avait les cheveux blonds et lentement ondulés (voir les portraits de Mme VigéeLebrun, de Kucharsky, de Strœæhling... » et en note «voyez dans les Mémoires concernant Marie-Antoinette, de Joseph Weber (Londres, 1804, t. Ier, page 404-405) la gravure de Schiavonetti, faite d’après ce portrait) — de Dumont, etc.), Naundorft a les
. cheveux noirs, grisonnants et crépus.
«29 Louis XVII avait de grands yeux, on peut même dire de très grands yeux, longs, très fendus. (Deux portraits faits au Temple, que possède M. G M., et dont l’un, tout au moins, date des derniers temps, ne peuvent laisser de doute sur ce point. La miniature de Dumont donne au Dauphin des yeux énormes.) Naundorff au contraire a les yeux petits, mal ouverts. « 89 Louis XVII avait le nez droit et très différent sans doute de celui de Louis XVI, mais aristocratique, effilé. Naundorff à un nez vulgaire, à la fois pointu et épaté, de la forme — pour nous caricaturale — qu'on rencontre dans certains portraits de Grenach le vieux.
« 4° Le portrait de Naundorff ne présente à aucun dégré le stigmate héréditaire des Habsbourg, presque constant chez les mâles, le prognathisme inférieur (avancemement de la mâchoire inférieure). Or, dans une étude célèbre sur les caractères tératologiques des Habsbourg, le docteur Galippe a montré que si « l'étude des portraits de Louis XVII l'examen des documents relatifs à sa santé et à l'évolution de son système dentaire nous permettent de conclure qu'il avait des anomalies dentaires, mais ne
nous autorisent point à affirmer d'une fa-
con rigoureuse qu'il était ou qu'il eût été prognathe inférieur, toutefois cela, pour les vaisons exposées, est presque certain. »
«On pourrait encore tirer argument du teint, De plus, le dauphin avait les pommettes légèrement saillantes : Naundorff point, etc., etc. », et en note : « Voyez l'article consacré par Henri Rochefort, dans la Patrie du 12 novembre 1910, au portrait de Louis XVII par Vien (1793). « Par le teint et la couleur des cheveux, il représente le type autrichien de Marie-Antoinette ». C'est peut-être seulement la teinte de ses yeux que Naundorf pouvait invoquer. Et encore !... Comme d'ailleurs il avait les yeux bleus et les cheveux d'un noir nègre, il devait être quelque peu métis. Mais il est facile, à l'examen de tous les poriraits, de constater que l'iris des yeux du dauphin était beaucoup plus développé que l'iris des yeux — du reste asymétriques — de Naundorff.
« Lors donc que le bon « Louis-Charles » envoyait à Charles X son portrait en manière de preuve et semblait lui dire : « Considérez-moi |! suis-je assez Bourbon? suis-je
eassez Habsbourg ? suis-je assez Louis XVII ?
il remettait à « son oncle » un document décisif contre son identité prétendue. La miniature nous présente un Allemand qui ne rappelle en rien les races royales de Louis XVI et de Marie-Antoinette. »
Tout à l'heure, j'ai reçu également, sans l'avoir demandé, le numéro du 6 juillet 1905
de la Gazette des Hôpitaux. Vous voyez,
qu'on s'intéresse beaucoup à cette questian, puisque les artistes, d'une part, les méde-
cins, d'une aufré}appor
-gnage. : ER M. François Laurentie cite dans le Corres-!
pondantun médecin, le docteur V. Galippe, dont j'ai l'article tout entier, Je us lirai que le passage qui concerne L Æ et en l’abrégeant encore, le prenant point où s'est arrêté tout à l'heure M. Laurentie — la date indique qu'ilnest pas fait pour les besoins de la cause.
« Or, si l’on examine les portraits de Naundorff, on voit qu'ils ne présentent à aucun degré le stigmate héréditaire des Habsbourg.
«Si Naundorff avait été le fils de MarieAntoinette, à supposer même que par un retour tout à fait exceptionnel à la médiocrité, il n'ait point ressemblé à sa mère, il se serait manifesté chez ses descendants une reviviscence du type des Habsbourg, comme nous l'avons constaté dans le passé et dans le présent, Or, de l'examen que nous avons fait des portraits des descendants de Naundorff, aucun ne présente le type familial caractéristique.
« Si donc on attache quelque valeur scientifique aux constatations matérielles, en quelque sorte tangibles, que nous avons faites dans le cours de nos recherches, il ne paraîtra pas possible d'admettre la légitimité des revendications de Naundorff. Nous n'avons pas la prétention de rendre un jugement sans appel, puisque dans une question où l'historien a le droit de faire état de toutes espèces de preuves, nous n'invoquons que des arguments tirés de l’anatomie pathologique. Ces arguments nous paraissent néamoins avoir une valeur sérieuse, Si nous voyons ce qui s’est passé pour Marie-Louise et Napoléon, alors que ce dernier, n'ayant aucun lien avec la maison d'Autriche, mais qui était autrement énergique que Louis XVI, n'avait pu procréer qu'un Habsbourg, comment pourrions-nous admettre que Naundorif n'ait point ressernblé à sa mère dont la physionomie était encore plus caractéristique que celle de Marie-Louise, alors qu'il eût été Habsbourg par son père et par sa mère? »
Je crois, messieurs, que nous avons un ensemble de preuves tout à fait décisives. Elles émanent à la fois des historiens, des jurisconsultes, des artistes et des médecins Nous ne pouvons, dans ces conditions, continuer cette étude sous peine de jeter sur le Sénat, d'abord un certain discrédit, ensuite un grand ridicule. (Très bien! très bien! sur divers bancs.)
M.lerapporteur. Je demande simplement la permission de faire observer que les conclusions du rapport qui vont être soumises au Sénat ne tendent pas du tout à approuver tout ce qui a été dit. Ce que nous demandons c'est uniquement le renvoi de l'affaire à l'examen bienveillant du garde des sceaux.
M. de Lamarzelle. Avec avis favorable.
M. le rAppnenE M. le président donnera lecture de l’ordre.du jour que nous proposons au Sénat. Vous verrez.qu'il n'y est pas question. d'avis favorable. Nous demandons simplement le renvoi de l'affaire au garde des sceaux, en la recommandant à toute son attention.
M. le président. Personne ne demande plus la parole.
La discussionest close.
Je vais donner connaissance au Sénat des conclusions du rapport de la commission et
‘des deux amendements qui y sont propo-
sés.
Les conclusions du rapport sont les suivantes :
« La commission, frappée de l'importance des arguments, des titres et des documents
= invoqués, prop
-là ‘pétition par laque
qualité de Français. »
‘bien !)
| passer à l'ordre du jour ou renvoyer la pélon k ne au Sénat de renvoyer M.le garde des sceaux ‘Gharles-Louis de Bourbon, en son nom ê6t en celui de ses frères, demande leur réintégration dans |
À
à l'examen attenti
mendement proposé par M = et jroposé ps MP ainsi «Le Sénat, süns-pr
contre la thèse du péti lant conserver le droit
“contre les décisions de justice, renvoie. = :
l'examen de la question au ministre de la | justice. » =>
Voici maintenant, messieurs, l'amende ment de M. Bérard:
« Le Sénat, n'ayant pas à examiner le bien ou mal fondé de la pétition, considérant qu'il existe une voie régulière et légale ouverte à tous pour faire reconnaître leur nationalité, passe à l'ordre du jour. » (Très bien! très bien! sur un grand nombre de bancs.)
C'est ce dernier amendement qui me semble s'éloigner le plus des conclusions du rapport de la commission. Il doit donc avoir la priorité.
M. Dominique Delahaye. Nous démandons l’ordre du jour pur èt simple.
M. le président. Monsieur Delahaye, l'ordre du jour pur et simple ne peut être proposé et avoir la priorité que dans-la procédure de l'interpellation, quand il y a seulement en présence des ordres du jour. Or, nous sommes ici, au contraire, en présence de conclusions présentées par une commission auxquelles, sous forme d'ordres du jour motivés, des amendements sont opposés. Ce sont done ces amendements a suivant l'usage, doivent avoir la priorite. |
Entre ces divers amendements, je le répète, la priorité appartient à l'amendement de M. Bérard, qui s'éloigne le plus des conclusions de la commission. (Très bien! très
ee
M. Dominique Delahaye. Ce n'est pas un amendement, c'est un ordre du jour.
C'est un ordre du jour-que vous décorez du nom d'amendement. (Bruit.)
M. le président. C'est, en effet, un ordre du jour, mais un ordre du jour tel que l'entend l’article 98 du règlement.
Si, en effet, vous voulez bien prendre le règlement, vous y verrez que les rapports sur les pétitions peuvent conclure soit au renvoi à l'examen du ministre, avec ousans discussion en séance publique, soit enfin au passage à l'ordre du jour.
M. Bérard s'oppose aux conclusions du rapport tendant au renvoi de la pétition au ministre de la justice ; il propose le passage à l’ordre du jour et motive sa demande comme il en a le droit, (Très bien! très bien !)
M. Dominique Delahaye. C’est donc un ordre du jour. Je demande l'ordre du jour pur et simple qui,.lui, a la priorité.
er mp ae
LS
M. lo président. Je le répète, l'ordre du jour puret simple ne peut être proposé et avoir la priorité qu'en matière d'interpellation et non en matière de pétition. (Adhésion.) J'ai sous les yeux de nombreux précédents à cet égard; ils sont formels. (Très bien ! très bien !) : : à
M. Le Provost de Launay. C'est alors un nouveau règlement. :
M. Ancel. Le règlement dit que l'on peut
tition au ministre. Je demande que passe à l’ordre du jour.