Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LA LITTÉRATURE SERBO-CROATE LA

des journaux dans les pays de langue slovène. En 1897 le total des périodiques était de 54, dont deux journaux quotidiens paraissant à Lublania et un bi-quotidien à Trieste. Aujourd’hui, ce que les Slovènes désirent avant tout, c’est un établissement d'enseignement supérieur où les leçons seraient données en leur langue. Ils ne peuvent avoir de grandes ambitions politiques, mais le jour où le suffrage vraiment universel sera proclamé en Autriche ils apporteront un précieux appoint à leurs congénères de Bohême et de Moravie dans la lutte contre l'élément germanique. Ils tiennent avant tout à rester slaves, et il ne faut pas oublier que c’est ce peuple qui ferme aux ambitions allemandes le chemin de Trieste.

II. Les Croares.

La littérature religieuse des Serbes et des Croates ‘au moyen âge n'offre guère de production originale et je n'ai point à m'en occuper ici. Des textes théologiques ou juridiques, des Vies des Saints ne constituent pas, à proprement parler, des œuvres littéraires. La littérature historique fait presque complètement défaut. Il est bien entendu que je ne m'occupe pas ici des écrits en langue latine.

C’est à Spalato et à Raguse qu’apparaissent les premiers représentants de la littérature proprement dite.

La Dalmatie subissait la domination de Venise, mais elle n'avait pas renoncé à sa langue nationale, l’idiome slave ou serbo-croate; les citoyens les plus éclairés allaient faire leur éducation en Italie, mais ils rapportaient de l’étranger le noble désir de rivaliser avec leurs maîtres. La littérature de la Dalmatie s'inspire naturellement des poètes italiens. Le premier en date des poètes croates de la Dalmatie, c’est Marko Marulié (1450-1524). C'est par lui que l’Académie sud-slave d’Agram a commencé en 1869 sa collection des anciens écrivains croates, qui compte aujourd’hui vingt-cinq volumes. Son poème de Judith parut en 1521. Le sujet est