Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

362 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

prenait de victimes ; prêtres assermentés comme bien on pense, et qui, la plupart du temps, voyaient repousser leurs offres de service : beaucoup, cependant, soit par charité chrétienne, soit par habileté politique, s’obstinaient à suivre les condamnés jusqu’à l’échafaud.

Les Bretons refusèrent unanimement le ministère des intrus qui se retirèrent, et, tout aussitôt, commencèrent les préparatifs de l’exécution.

On apporta aux malheureux un dernier repas : quelques-uns mangèrent, assis sur les bancs qui garnissaient le pourtour de la salle ; d’autres se livrèrent de suite aux aides du bourreau ; tous, assure-t-on, causaient à voix forte, ricanaient fiévreusement ; seule, M°° de la Fonchais, se recueillant, s’assit à la table du greffe et se mit à écrire. Les lignes que traça la noble femme étaient destinées à sa belle-sœur, M Dauzance de la Fonchais, pour laquelle elle sacrifiait sa vie et qui n'apprit que plus tard l’héroïque dévouement auquel elle devait d'exister encore !. Ce testament de mort terminé, elle adressa à ses sœurs, plus favorisées qu'elle, le touchant billet que voici:

Séchez vos pleurs, mes bonnes amies, ou, du moins, répandez-les sans amertume ; tous mes maux vont finir

1. Nous n'avons pu retrouver la lettre que Mw° de la Fonchais écrivit à sa belle-sœur.