Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE PROCÈS 363

et je suis plus heureuse que vous. Je viens d'écrire à ma belle-sœur pour lui recommander mes enfants ; vous voudrez bien, je l'espère, devenir avec elle les mères de ces pauvres petits orphelins. Que ce titre précieux vous aide à supporter la vie! Je vous quitte pour me rapprocher de la Divinité.

Recevez, mes bien chères sœurs, l'adieu le plus tendre et le plus affectueux ! Je voudrais m'occuper de vous plus longtemps, mais cette idée m'affaiblit et je veux conserver toutes mes forces.

Adieu! encore une fois, et modérez votre douleur ; nous nous rejoindrons un jour! Je vous embrasse de toute mon âme. Adieu, mes amies !!

N'est-ce pas l’occasion de rappeler la remarque faite au début de cette étude : la renommée est injuste dans la distribution de ses faveurs : son caprice s'attache à quelques-uns et en délaisse d'autres tout aussi méritants. Les circonstances de leur mort ont rendu fameuses la princesse de Monaco, M de Lavergne, Cécile Renault... Qui se souvient aujourd’hui du nom de M°* de la Fonchais? Pourtant cette jeune mère, léguant ses enfants à celle dont elle prend volontairement la place sur l'échafaud, nous semble compter parmi ces victimes auxquelles l'histoire doit au moins la vaine revanche de la célébrité.

1. L'original de ce billet a été communiqué à Levot, l'historien

de la Biographie bretonne. Le texte en a été également publié par

M. Harvut dans Frère el Sœur.