Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
364 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE
Lorsqu’elle eut fini d'écrire, dévorant ses larmes, elle tendit ses mains au bourreau ; ses compagnons déjà étaient liés ; chacun à son tour prenait place sur l’escabeau de la toilette ; les chevelures tombaient sur les dalles, sabrées par les ciseaux de Sanson: Thérèse de Moëlien seule s’opposa à ce que le bourreau lui coupât les cheveux et releva elle-mème ses magnifiques nattes, découvrant sa nuque ! ; puis, docilement, tous, une fois prêts, venaient se ranger sur la banquette, attendant le signal du départ ; autour d'eux allaient et venaient les valets du bourreau ; à la grille de bois qui séparait la salle de l'avantgreffe, se rangeaient des guichetiers, des porteclefs, des agents de police et des sans-culottes amateurs, venus pour jouir du spectacle : ces horribles préliminaires exigèrent plus de deux heures ; d'ailleurson ne se pressait pas, FouquierTinville ayant cru utile de réquisitionner « une force armée imposante », dans la crainte de quelque mouvement en faveur des Bretons ?.
Le bruit s'était répandu dans la ville de l'exé-
1. Souvenirs inédits de C. de la Contrie, secrétaire du marquis de la Rouërie.
2. Attendu le grand nombre des condamnés, j'invite le citoyen commandant à donner des ordres pour qu'il y ait le plus de cavaliers possible et une force armée imposante, d'autant mieux que ce sont de grands conspirateurs qui ont une suite. » — Archives nationales, AFn, 48.