Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

366 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Quand la procession de Saint-Sulpice passa à la Croix-Rouge, on remarqua que le commandant du poste de la Section ne se découvrit pas: il y eut des rumeurs, et cet homme, interpellant le prêtre qui portait l’ostensoir, cria :

« — Ne t'inquiète pas, fais ton métier! »

Le soir même, la Section, — la fougueuse Section du Bonnet rouge ! — se réunissait en assemblée générale et cassait de son grade cet officier pour crime de sacrilège !.

On comprend que Fouquier-Tinville n’était pas sans appréhender l'effet qu’allait produire sur ce peuple impressionnable et si difficile à brider la sanglante exhibition qui se préparait. A part, du reste, quelques exaltés qui suivaient de près la politique, la masse, depuis la mort de Louis XVI se désintéressait des événements : le 31 mai n'avait été qu'une révolution de palais à laquelle le peuple n'avait rien compris ; le procès des Bretons n'avait pas causé plus d'émotion; les journaux, sauf le Bulletin du Tribunal, lui avaient à peine consacré quelqueslignes ; on ignorait généralement les noms des victimes : on savait qu’elles étaient au nombre de douze, et que parmi elles se trou-

une station et de donner le salut. On porte ensuite l'enfant sous le dais, à côté du Saint-Sacrement, et pendant toute la marche on ne cesse de crier : Au miracle! »

L. Courrier français, 19 juin 1793.