Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE PROCÈS 367

vaient plusieurs femmes ; ceci seulement excitait vivement la curiosité. Aussi, dès midi, l’animation était-elle grande dans les rues où devaient passer les charrettes. À la place Louis XV la foule s’amassait continuellement : ce n'était point la populace, spectatrice habituelle des exécutions de la Grève, mais un public de bourgeois, de « gens comme il faut», dit un espion! : les retardataires couraient à toutes jambes, crainte de manquer le commencement du spectacle; des hommes du peuple apportaient des échelles, trainaient des charrettes, improvisaient des estrades et offraient des places à cing sous: la plupart des curieux s'étaient munis de lorgnettes, « et se déplaçaient souvent pour chercher le point visuel le mieux accommodé à leur vue; celui qui avait une bonne place ne l'aurait pas quittée quand il eût dû mourir de faim? », et l'observateur ajoute : « Jugez combien de bavardages ils ont fait pendant une heure et demie d'attente. Parmi ce chaos et cette confusion d’une populace très nombreuse, ce que j'ai vu de plus remarquable, c’est la posture d’un militaire en habit bourgeois, qui, tournant à demi le dos à l’échafaud dressé, ayant les pieds dans la troisième ou quatrième position, les bras l’un dans l’autre, a resté dans une attitude de conster-

1. Tableaux de la Révolution française, par Schmidt, t. Il. 2. Idem.