Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
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nation pendant plus de trois quarts d'heure. »
Sans cesse de la rue Royale, de la rue de la Bonne-Morue, du cul-de-sac de l’Orangerie, des quais, accouraient de nouveaux groupes de curieux; par ceux qui arrivaient du Palais après avoir assisté au départ, on apprit que les charrettes approchaient ; on sut que les condamnés montraient beaucoup de résignation, qu'ils s'étaient déclarés bien jugés et reconnaissaient avoir mérité la mort!. Au sortir de la Conciergerie, à peine montée sur la charrette, M"° de la Guyomarais avait crié à deux reprises : Vive le Roi!
Ces détails répétés dans la foule aiguillonnaient la curiosité; chacun se hâtait de prendre place; toutes les têtes se tournaient vers la rue Royale ; toutes les lorgnettes se braquaient sur ce point : les guinguettes des fossés de la place se vidaient, Les balustrades de pierres se garnissaient de curieux; l'immense espace était noir de têtes; on eût cru voir tout le peuple de Paris assemblé ?.
Un peu avant trois heures, on vit poindre, tournant l’angle de la rue Saint-Honoré, l’escorte des gendarmes : ils entrèrent dans la place, fendant la foule: on remarqua leur air morne et leur silence. Le peuple lui-même se taisait et regar-
1. Bulletin du Tribunal révolutionnaire.
2. Rapport de Dulard à Garat, Ad. Schmidt.
3. « J'ai donc vu avancer les gendarmes l'œil morne et silencieux (sic). » — Rapport de Dulard à Garat.