Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE PROCÈS 369

dait anxieusement : les deux chariots parurent, se suivant, minuscules dans cet immense décor ; les baïonnettes de la troupe luisaient au soleil : on apercevait leur double ligne serpentant vers l’échafaud, encadrant les charrettes, où cahotaient les condamnés debout, pressés l’un contre l’autre, la tête découverte. Ils causaient paisiblement entre eux; tous paraissaient tranquilles; quelques-uns des hommes riaient. La foule ébahie de tant de sang-froid se faisait; elle s'attendait àautre chose : comme les condamnés ne montraient pas le poing, elle ne savait que dire et demeurait inerte: on scrutait les attitudes et le moindre geste des victimes ; on se montraitsurtout M" dela Guyomarais, donton ignorait le nom !, mais dont le visage fier et le maintien noble frappaient les esprits : on prenait M°° de la Fonchais et Thérèse de Moëlien pour ses filles?, et ce rapprochement augmentait l’intérêt. Thérèse étonnait par sa beauté et son calme ?, M"° de la Fonchais par sa résignation et son air

1. « J'y ai remarqué surtout une mère de famille dont les traits de la figure, encore bien marqués, annoncaient une femme qui avait eu des mœurs et une bonne éducation. >» — Rapport de Dutard à Garat.

2. « La dame de la Guyomarais et ses deux filles ont montré un courage au-dessus de leur sexe. » — Courrier français, 19 juin 1793.

3. « Une demoiselle ayant à peu près vingt-cinq ans, qui, par sa beauté et son maintien, me parut être du nombre de celles qui faisaient jadis les charmes de la société. » — Rapport de Dutard à Garat.

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