Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
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souvent vanté les vertus et la reconnaissance.
Le vieillard se retira ensuite avec une profonde révérence et en annonçant qu'il reviendrait, sous peu de jours, chercher la réponse.
Demeuré seul avec sa fille, M. de Noyan ne se contint plus. Le fond et la forme modérée de cette réclamation l’irritaient également ; un appel à sa générosité, à sa justice, lui semblait être une amère ironie. Mais M"° de Sainte-Aulaire, indépendamment de tout calcul de prudence, était touchée du souvenir des circonstances dans lesquelles sa signature avait 6t6 donnée, des serments qu'elle avait faits de ne jamais la contester. Elle déclara donc résolument à son père « que cette dette lui semblait sacrée, qu’elle la paierait avec les premiers fonds dont elle aurait la disposition et qu'elle aimerait mieux travailler de ses mains pour vivre que d'engager un procès sur un pareil sujet ».
M. de Noyan dut céder : il paya les quinze mille francs !; mais il ne le pardonna jamais à sa fille, et rien ne contribua plus que ce fait à entretenir les pénibles démêlés qui peu à peu leur rendirent impossible la vie commune.
M. de Noyan ne retourna jamais en Bretagne; il rappela près de lui son indispensable intendant
L. Portraits de Famille, par le comte de Sainte-Aulaire.