Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
400 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE
devait vivre longtemps, riche, honoré, heureux peut-être.
Son père avait été élu maire de Bazouges dès la constitution des communes; c'était, nous l'avons dit, un médecin estimé et qui passait pour probe et libéral. Quelles furent ses relations avec son lils pendant le séjour de celui-ci en Bretagne ? L'aida-t-il dans l'exécution de sa mission? Voilà ce qui semble impossible à connaître : nous savons seulement qu’un nommé Legendre, curé constitutionnel à Marcillé-Raoul, dénonca Chévetel père comme royaliste, « coupable d'avoir tenu des propos injurieux contre le Gouvernement républicain et d'avoir trahi sa patrie ». Cette dernière accusation reposait sur ce fait que les autorités de Bazouges, maire en têle, avaient abandonné leur poste à l'approche de l’armée vendéenne. Chévetel père répondit que, « si l’on était parti, c’est qu'on n'avait aucun moyen de défense : il produisit, en outre, de nombreux certificats attestant son civisme, et Legendre, « convaincu d’avoir méchamment accusé un citoyen patriote », fut condamné à la déportation.
Nous trouvons dans ce fait l'indice que le maire de Bazouges jouissait auprès des autorités d’un grand crédit, auquel la personnalité de son fils
1. Vicomte le Bouteiller, Journal de Fougères, 1892.