Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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les revenus que son fidèle ami doit lui faire passer; mais Chévetel les garde et jouit avec Danton d’une opulence que tous deux ont acquise par des moyens pareils. »

Le 5 floréal an II, en pleine Terreur, trois semaines après l’exécution de Danton, Chévetel se maria : il prit pour femme M'° Fleury, l'actrice du Théâtre-Français, dont nous avons dit quelques mots!, avec laquelle il entretenait, depuis longtemps, des relations et qui avait été, on se le rappelle, la maîtresse d'Armand de la Rouërie.

M'° Fleury, mise en prison comme ses camarades de la Comédie, comme tout le monde, pourrait-on dire, avait eu l’heureuse fortune d’être réclamée par la section de Marat, rappelant les titres précieux de cette citoyenne à la bienveillance des patriotes ; c'était elle, en effet, qui, au mois de janvier 1790 avait sauvé Marat sur le point d'être arrèté. Le Comilé de Sûreté générale, « en reconnaissance de cette belle action », ouvrit les portes de sa prison à M'° Fleury, ainsi qu'à Vanhove et à sa femme « qui avaient participé à ce trait patriotique * ».

Quel rôle joua Chévetel dans l'intrigue à laquelle sa maitresse dut sa liberté? Il s’entremit activement sans doute pour obtenir cette faveur inespérée; à cette époque Danton vivait encore et son

1. Voir page 32. 2. Journal de la Montagne, 28 pluviôse an II.