Un missionaire de 93 : Marc-Antoine Baudot : son róle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques

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Que l’on ne croie pas que nous exagérions : de nombreux passages des Notes ne lémoignent-ils pas que Baudot était un lettré, nourri comme la plupart des hommes de son temps, de sucs généreux de ces études classiques, si peu en honneur de nos jours, et qui, pourtant, ont formé desi grands caractères, et développé de si nobles esprits ? Sans doute, il se montre parfois injuste envers certains acteurs du grand drame de 93 : Robespierre et Saint-Just, notamment, sont l’objet de ses critiques acerbes ; mais ne doit-on pas se souvenir que c’est bien moins la politique qui parle, que l'ami, l’admirateur de Danton ? Nous ne saurions non plus acquiescer au jugement qu'il porte sur Madame Roland : c’est plus que méconnaitre le rôle tenu par cette femme supérieure, c’est outrager son caractère et ses vertus, que de faire, à son sujet, une allusion peu déguisée aux maitresses de Louis XV, dirigeant, du fond de leur boudoir, les destinées de la France. Toutefois, ne nous hâtons pas de condamner Baudot, relisons plutôt ses Notes, et nous verrons bientôt que le Conventionnel n’admet pas l’ingérence de la femme dans les affaires publiques ; il est intraîtable sur ce point, et l’on conçoit dès lors que l'influence exercée sur la marche du gouvernement par la femme illustre du ministre Roland, soulève chez lui une véritable et sincère indignation. Laissant de côté ces faiblesses inhérentes à la nature humaine, sachons rendre hommage à la loyauté de Baudot, à son amour du bien public, à sa passion pour ce qui est vrai et juste,