La Serbie

mination de l'Autriche-Hongrie, elle a réussi à conquérir une sorte d'autonomie, sous le nom de Voïvodie (duché) serbe. La population de la plaine du Banat s'est prononcée résolument pour sa réunien à la Serbie. Si l'on veut la consulter encore, elle ne fera que manifester une fois de plus sa volonté de s'unir à ses frères de Serbie. Nous sommes certains que pour la solution de ce problème, la Conférence tiendra compte de cet important facteur. Des Roumains ont rappelé qu'il y avait en Serbie des Roumains, Leur nombre à été artificiellement grossi, triplé et quadruplé au gré des nécessités. De plus, ces Roumains, sont tellement liés au Serbes par leur histoire, par leur vie et leur lutte commune, qu'ils ne consenliraient jamais à se séparer de la Serbie. Et, par {es sentiments, ils ne sont qu'un avec nous. N'oublions pas que ces territoires n'ont pas été conquis par les Sérbes, mais délivrés par un eflort commun de toute la population |

Questionné enfin sur l'Albanie, M. Pachitch, a dit:

— Pour l'Albanie, nous désirons que les décisions de la Conférence de Londres soient maintenues, parce qu'elles sont conformes au principe : « Les Balkans aux peuples balkaniques ». Les Albanais seraient en mesure d'organiser et de développer eux-mêmes leur Etat à l'intérieur des frontières tracées par la dite. Conférence. Actuellement, les affaires albanaises sont assez compliquées, par suite d'une agitation intéressée. Les notables qui étaient pour l'Entente et le gouvernement provisoire d'Essad Pacha, ont été écartés et l’on voit apparaître des hommes qui étaient ministres du princes Wied, qui travaillaient pour une Albanie placée sous le protectorat austro-allemand et qui se trouvaient à Vienne pendant toute la durée de la guerre. Quelle solution définitive recevra le problème albanais? Nous ne le savons pas, d'autant moins qu’une grande puissance,

l'Italie, a occupé Vallona, et que la Grèce.

demande à assurer la protection des droits des chrétiens, dans l’Epire du nord.

Les responsabilités de la guerre

M. Vesnitch, ministre du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, écrit dans le « Journal des Débats » du 13 mars au pujet des responsabilités de la guerre ce qui suil:

Au Directeur du Jowrnal des Débats, Mon cher Directeur,

J'ai lu, comme tant d'autres, avec grand intérêt, la correspondance de M. François de Tessan dans le Journal des Débats d'hier soir, qui rouvre une fois de plus la œuestion de responsabilité de la grande guerre, Le recteur de l'Université de Bonm, professeur de Droit intermational, M. Zittelmauin, y affirme que &« l'Allemagne n'a pas voulu celle guerre »! !

Vous savez qu’une commission) avañt été instituée À Berlin, avec M. Kauizky en

2 n pa ï

tête, en vue d'une publication des documents sur cette responsabilité. On avait eu les mêmes velléités à Vienne. Pour des raisons que je ne connais pas, un arrêt volontaire est intervenu et nous Sommes portés à croire que les gouvernements allemand et autrichien ont senoncé À cetle publication. De motre côlé, nous ne pouvons pourtant pas permettre un seul mor ment que la question soit faussée. Je verse donc, pour le moment, au dossier des responsabilités de la guerre, ces deux documents authenitiques qui parlent, me semble-t-il, avec une éloquentce bien claire:

Comte Szœgyeny au Ministre

« des Affaires Elrangtres, à Vienne. Télégramme chüffré 285. . } « Berlin, 25 juillet 1914.

« On suppose généralement ici. que « l'éventualité d'une réponse négative SRE « sera suivie de notre part d’une immédiéèse « déclaration de guerre et des opéralions «militaires. : « On considérerait ici tout ajournement des opéralions militaires comme très damge« reux à cause dinterventon des aulres Puissances. On nous conseille avec la

« 10

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€ «plus grande ünsistance [« dringendst »i « de passer immédiatement [« sofort »1 aux

faits et de meïtre ainsi le monde devant «un fait accompli.

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« 20 Le même au même. « Télégramme chiffré (strictement secret) 307, « Berlin, 27 juillet 1914, « Le secrétaire d'Etat vient de -mle déclarer posilivement, mais (sous le sceau du plus strict secret, que, très prochai-

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glaises de médiation iseromt portées à « la connaïssance de Votre Excellence.

« Le gouvernemikemt allemand assure de la manière la plus convaincante Ceauf das Bündigste »l qu’il me s'identifie aucunement avec ces propositions, quil est absolument [+ entschieden »l con'raire à leur prise en considération, et qu'il ne « (nous) les transmettra que pour tenir « compte de la demande anglaise... »

Ces documents (se passent de tout commientaire. { |

A

RIRCANUR' A

7

Encore le 30 juillet, Sir Edw. Grey télé-

graphiait à Pambassadeur de Grantde-

tagne à Berlin, Sir E. Goschen: « Si on pêut conserver la paix de l'Europe, et passer sans accident à travers la crise actuelle, mon effort personnel sera de prendre l'initiative d'un arrangemient auquel

VAllemagne puisse souscrire et par lequel

elle pourra être assurée qu'aucune politique agressive ou hostile ne sera poursuivie contre elle ou ses alliés par la France, la Russie et mous-mêmes, soit ensemble, soit séparément. » Ni lui, ni Sa-

sonoff et Viviani ne savaient encore pcsi-

tivement em ces moments tragiques que c'est l'Allemagne qui voulait la guerre. S'il y a au monde un incrédule sur ce point, qu'il veuille méditer les deux gocuments que je vous soumets.

Veuillez, etc. Mil, R. Vesnitch. :

« nememt, des éventuelles propositions an-,

4

LA SERBIE

Autour de la question Jougoslaus

Au moment où le sort plus que la \justice va décider de l'avenir du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, um coup a’œil rélrospectif nous parait mécessaire.

Chez les honnêtes gens, il est d’usage de récomipenser chacun se.on sa peine et son mérite. Or, si l'on fait un, parallèle entre les services rendus par la Serbie et ceux rendus par l'Italie à la cause de l'Entente, point west besoin d'être mathématicien pour voir la balance pemcher du cô.é6 serbe ; et si l’on récaptule les perles subies en hommes et en matériel, là emcore aucune comparaison west passible.

Actuellement, à Paris, le Congrès des Alliés ne paraîl pourtant pas tenir compile de ces choses.

Le trop fameux trai.é secret de Londres paraït devoir développer ses effets en faveur des Italiens. nt

Le 26 avril 1915, la Grande-Bretagne, la France et la Russie trailèrent secrètement avec l'Italie. Le texte. .dè ce {raité, tenu très secret, et pour cause, ne fut connu qu'après que les bolchévis'es eurent le pouvoir à Pétrograde, Deux journaux anglaïs, le « Manchester Guardian» et le « New Éurop ») osèrent communiquer à leurs Lecteurs ce traité, qui assuraït à l'Italie, en pañemie nt de sa participation à la suerre, non) seulement le Tyrol du Nord, jusqu'au Brenmièer, maïs encore Goritsia, Trieste, toute l'Istie, la Dalmatie du Nord et même les îles de Läissa, Lesina, Curzola et Meleda, et cela au mépris de toutes les considéralions ‘historiques, elhniques et géographiques, et au détriment des peuples habitant ces pays.

Au moment où ce fameux trañté fut conclu, les Alliés résistaïent depuis neuf mois aux attaques des Centraux. Durant ces neuf ‘mois, la politique italienne, dirigée par le muünistre Salamidra, négocia journelleméæmt avec l'Autriche, cherchant, en échange, soït de sa partic'palion aux côtés des Centraux, soït de (sa passivité pure et simple, des compensations, c’est-à-dire en bon français, un paiæeunient.

La finesse des mégociateurs ilaliens eul vile percé à jour la lésinerie des Autrichiens, dont les offres, médiocres, laissaient l'Italie souls la dépendance du groupe austro-allemand.

Le traité de Londres assurait un paiement plus large et c’est pourquoi l'Italie entra en guerre contre les Centraux, le 24 mai 1915!

Quand, aujourd'hui, dans les discours diplomatiques, des ministres i'aliens vien-

nent dire que l'Italie a combattu du bon côté pour l’honmeur, ül est de noire ;

devoir, À nous républicains Suisses, de protester au nom de l’honmeur et de leur dire: «Vous avez combattu pour un gain, pour annexer des peuples qui ne sont pas de votre race». ï

Ceux qui ont combattu pour l'honneur sont, en premier rang, les Serbes, les Belges et les Français, puis les Amglais et des Américains. ( |

Mais le hlâme que mérite ce trailé de Londres me retombe pas uniquement sur l'Italie: il est également partagé entre les autres puissances signataires, et C’est pour elles tune tache d’avoir voulu payer ‘un associé avec l'argent d'autrui.

Les trois ministres des affaires éframsères de Grande-Bretagne, France et Russie, signataires du traité, me sont plus à leur poste depuis longtemps, mais leur collègue italien, le barom Sonnüno, est là

\ pour réclamer le paiement promis.

Les principes de Wilson pourront-ils

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Lundi 24 Mars 1919 No 12

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vaincre ce traité, caduc de par les faits nouveaux, et les peuples das contrées faisant l’objet du marché pourront-ils disposer d'eux-mêmes selon le droit des homnêtes geims ? F2 Nous l’espérons pour l’h'omneur les Alliés. Par sa politique actuelle d'intransigeance et de spoliation, l’Italie se met au ban de lhistoire, et pourtant l'histoire nous montre l’Ilalie comme une mère pour les nations. L'Italie représente dans l'histoire la civilisation: c'est sur sa ferre que sont nés les principes ümimortels qui ont formé les peuples. De mère, veutelle devenir Ta marâtre que chacun réprouvera ? | L'Italie du quattrocento est-elle inhirte, et seule l'Italie de Machiavel survit-elke? Nous le saurons bientôt.

Pierre Armiguet.

khutres temps, autres sentiments

Notre regretté ami Kuhne nous avail envagé ce petit arlicle quelques jours avant le tragique #vénement qui lui à coûté la vie. Nous le publions aujourd'hui à titre de document sur les agissements ilaliens à Fiume:

Au momeni où l'Italie emtrait en guerre contre l'Autriche, aux côtés des Alliés, Le podestat du miunicipe italien de Fiume, M. Francesco Korochatz, fit affcher à Fiume et publier dans les jourmmaux, Sous sa signature, uni manifeste où nous lisons ce qui suit: « Citoyens,

Sa Majesté notre très gracieux Roï, dans une proclamation lancée à ses peuples, anmonce une chose grave: aux ennemis delnotre royaume s'est associée noire alliée d'hier l'Italie, à la nationalité de laquelle nous nous enorgucillissons d’appartenir par la langue et les coutumes.

Fiumani ! Nous, qui depuis des siècles, avons été défendus et protégés par les prédécesseurs de notre bien-aimé Roi (Amat'ssimo Re) nous devons montrer notre inébranlable pratitude à ceux qui durant des siècles nous prodiguèrent largement leur proeclion, en faisant en sorte que personne ne manque à lappel et en offrant sur l'autel de la Patrie notre vie et mos biens. « Enfants de Fiume, nous devons suivre la route que déjà nos pères nous pnt montrée, celle de la fidélité au Très Auguste Trône qui a valu à notre ville d'être surnommée « la très fidèle » (fidelissima) — celle de la fidélité à la Hongrie & qui nous sommes et à qui mous voulons deémeurer tunis pour toujours. » Et imaïintenanlt plus de rancunest Que les différences de langues, les aversions de classes et de personnes ne nous divisent plus. mais que pour tous, unis saus l'étemt dard commun, aucum sacrifice ne soit trop grand pour le défendre celui-ci avec honneur. | Eù ce momepni solennel, il Faut que parmi nous règnent le calme et la concorde dans le but de pouvoir servir la Pate par le complet troïmphe de nos giorieuses armes. (Signé) Le Podestat: F. G. Korochhatz. »

Une remarque, d'abord, à propos üuw nom du maire de Fiume. Si mous ne 5avions, par la statistique, que Fiume, qui comptait en 1910, 25.009 italamisants n'avait, en 1854, que 3700 Italiens, les noms d « Italiens » comme M. Korachatz pous

=== FEUILLETON

li civilisation des Serbes de Hongrie

Par St. STANOYEVITCH, : professeur à l'Université de Belgrade. .

(Suite el fin)

Cet amour naturel voué à son sol et à ses compatriotes, se fondit avec l'amour et la nostalgie de la liberté en un tout pour former le nationalisme serbe. c

Ce nationalisme avait été ébauché encore au temps ‘des Tures sur toute l'étendue du torritoire habité par les Serbes. ILorsqu'une partie des Lerritoires serbes passa des maïns des Tures sous la dominalïÿon autrichienne, le matiomalisme serbe s'y dévt Joppa avec plus d'intensité encore. (Cetta nouvelle impulsion eut pour cause le nouvel état de ë&hoses, de nouvelles conditions, créées par l'instruction populaire et le progrès, mais surtout par l'oppression exercée maïntenant dans le nouvel Etat sur la matiok nalit£ serbe. Celte oppression rencontra tout naturellement chez le peuple serbo une frésistande qui augmenta son amour ki sin atlachement à tout cé qui était de sa- nation.

Voilà comment, sous l'impulsion ide traditions nationales excaplionnellement vivaces et de coutumes nationales, doublées d'une lutte opiniâtre pour l'existence, le Hatfonalisime s'était développé au XVIlle siècle chez les Serbes de Hongrie, tel que l'avait connu au 19e et 20e siècles le grand public en Europe.

Les grands mouvements qui secouèrent l'Europe, provoqués par fa Révolution française, puis par le romantisme et le nationalisme, et qui S'emparèrent tout À coup de la société eurapédnne, jont intensifié le nationalisme chez les Serbes de Hongrie Les pu-

blications de Vouk Karaidjitch comportent toutes les productions nationales de l'esprit, notamment des poèmes nalionaux, et l'enfhousiasme qui a empoigné alors l'Europe lout entière, pour tout ce qui est « national », ont également beaucoup contribué au déve: loppement du nationalisme serbe. ‘ On peut dire, sans exagération aucune, qu'au point de vue national, la territoire des Serbes de Hongrie est le plus avancé de toutes les contrées serbes. Là s'est développé et maintenu le pur

nationalisme et le patriotisme idéal. C'est lui qui a donné au.

peuple serbe de la Voïivodinä la force de se imainténir EE de lutter avec succès pour pon existence. |

Dans cette lutte pour la sauvegarde de sa nationalité, le peuple serhe de Hongrie a toujours {été prêt à lous Les sacrifices, qu'il supporla avec allégresse et sans se récrier. Seul ül entretint À ses frais et entretient encore ses écoles primaires cf moyennes, toutes ses intstitutions de progrès et de civilisation, théâtres, [Matza, etc. Il fut en outre toujours prèt à subventionner royalek ment tout ce qui est utile au peuple et à la lutle pour la wie nationale. Le programme de tous les partis politiques sans exception repose sur une base nationale, et l'action pour les “affairet) nationales en général est une des principales et constantes préoccupations de tout Serbe de la Vioïvodina. ,

Te nationalisme des Serbes de la Voïvoldina s'est toujours ff firmé aussi avec vigueur là où il fallait que le sang EL vertfi. Et la Voïvodina était aussi toujauis prête à ce sacrifice-là. Déjà; lors aes premières insurrections soulevées cohtre les Tures par ie peuple serbe au commencement du XIXe siècle, nombreux étaient les Serbes de la Voïvodina qui avaient pris rang (parmi les insurgés. De même un grand nombre de volontaires de la Voivodina avaient participé aux guerres de 1876 à 1878, comme aux grandes guerres de 41912 à 1913. Em outre, un grand nombre de jeunes Serbes s'inscrivirent dans ces derniers temps à l'académie militaire serbe. CR x

Mais le plus grand patriotisme se rencontra encore chez kes Serbes de Hongrie au cours de la Grande Guerre. La plupart de ceux qui s'étaient rendus à l’armée serbe sont entrés comm volontaires dans l'armée serbe et ont combattu vaillamment. Quant à ceux qui furent faits prisonhiers par les Russes, Jors da a formation des (divisions serbes, tous, sans exception, s’angagèrent dans l'armée serbe et formèrent ainsi presque la moitié de l’armée serbe de Russie. Eux aussi ont combattu, en 1916, avec une bravoure rare contre les Allemands et les Bulgares ‘dans la. Do-

Tbroudja. Après le désastre de la Russie, ils vinrent sur ie front balkaniüque et combattirent dans l'armée serbe avec vaillance,

Le patriotisme des Serbes de la Voïvodina n'est donc pas resté un vain mol, etme s’est pas confiné dans la théorie académique, mBis a toujours été prêt à tous les sacrifices matéériels, et par lo sang versé a prouvé son attachement au peuple, son aspiratilohi ardente vers la liberté et som désir de voir la Viorvodina faite partie intégrante de la Serbie, partant du grand Etat Yougoslavc.

Les Roumains de Serbie

Mal inspirés, des Roumains continuent à réclamer pour teur pays la partie de la Serbie située entra le Danube et le Timok, et habitée, au dire de ces propagandistkf par une population roumaine.

En réponse à ces simgulières prétentions, un groupe de professeurs appartenant à toutes les régomis sudslaves; vient de publier une petite brochure dont nous extrayons ce passage :

« Ces Roumains n'ont été ni incorporés À la Serbie en vertu d'un acte diplomatique quelconque, ni cédés par

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