Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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À il y a un tyran, ou un homme qui va le devenir, ee qui est la même chose pbur la liberté. Nos rois, qui ne faisaient jadis exécuter les lois que du consentement des peuples, ne les consultèrent plus; leur volonté fut la loi suprême. Alors la monarchie fut dénaturée ; elle fut chez nous ce que les Grecs appelaient tyrannie, le gouvernement arbitraire d’un seul, L’étendue de la monarchie ne permettant pas au prince de voir tout par lui-même, les rois de France furent obligés de consulter les ministres ; et ceux-ci finirent par tout gouverner. Un despote peut quelquefois songer à rendre ses peuples heureux et son empire florissant, parce qu’ils sont le patrimoine de sa famille; les ministres ne peuvent manquer de s’occuper principalement de leur intérêt et de leur pouvoir. Lé visirat est en France une des époques du despotisme , et les peuples y ont été plus ou moins esclaves, selon que les ministres ont été plus ou moins absolus. C’est d’eux que sont venus les commissions extraordinaires nommées poursatisfaire leurs vengeances personnelles, et les lettres de cachet, et les enlèvemens arbitraires des citoyens , et ces créations bursales, ces ventes de charges et d’offices, qui, en grossissant le trésor du roi, servaient à accroître le leur ou à payer leurs créatures. Tous les peuples soumis à la volonté d’un seul homme ant plus ou moins souffert de son despotisme, mais nulle nation n’a été plus dédaigneusement opprimée parses maîtres que la nation française. Depuis le cardinal de Richelieu, jusqu'aux premiers jours des états-généraux de 1789, les sujets du roi, c’est ainsi qu’on les appelait, ont été 'constamment soumis à un régime oppressif, d'autant plus huiiliant, que ce peuple était doué de ce don de la nature que l’on appelle esprit, et que dans ces derniers temps il avait des lumières. Les conseils des rois se jouaient des jugemens du peuple et de ses satyres; et quand enfin, les lumières croissant toujours, il s’est formé une opinion publique imposante, qui n’était, après tout, que l'expression de la volonté générale, les ministres ont persévéré dans leurs formes impératives et leur dédain insultant. Cet oubli des convenances les a perdus. On ne saurait trop redirequeles pouvoirs usurpés ne tombent que parce qu’ils n’ont pas vu qu'ils devaient finir.

Pourquoi ne reprocherions nous pas au pouvoir arbitraire cette multitude de vexations dont les peuples ont été accablés, et ces guerres presque toujours injustes , et ces impôts progressifs ;, CUS féroces que nos neveux béniront un jour, parce qu ils leur devront la liberté ? Au règne barbare de l'impérieuse Médicis, de cette étrangère coupable qui fit cou-