Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. 5

ler à torrens le sang des Français, succéda le règne de Richelieu, c'est-à-dire du despotisme en personne. Ses maximes nous ont toujours gouvernés depuis. Opprimés avec dureté par Richelieu, les Francais le furent avec astuce par Mazarin, il Corrompit ceux que cet autre prêtre son prédécesseur n’avait fait qu'épouvanter et avilir. Elles avaient passé, ces ames fières et indépendantes, qui, au sein des guerres civiles, avaient déployé un genre de grandeur que le brave Henri n’eut pas le temps de retourner contre les ennemis de la France, Tous rampaient sous un maître; car Richelieu leur avait appris à flatter.

C’est sur ces hommes ; fiers avec bassesse et corrompus avec orgueil , que Louis XIV allait régner. On a tout dit sur Louis XIV et la postérité s’est vengée peut-être avec excès des mensonges adulateurs de ses sujets. Mais si ce roi protégea les arts qui lui donnaient de la gloire, s’il vit éclore les fruits que Richelieu avait semés, s’il étonna par un air de grandeur qui fait le caractère de son règne, par combien de calamités ces biens factices n’ont-ils pas été compensés! Son goût pour les conquêtes faciles, lui fit prodiguer l'or et le sang de ses sujets; son faste arrogant lui aitira l'inimitié de toute l'Europe; son despotisme sur la pensée ensanglanta ses états et les dépeupla. Louis XI n'avait ouvert qu’un cachot, et il couchait sur la voûte sous laquelle gémissaient ses victimes. Louis XIV en ouvrit mille ,; et, sourd aux cris de ses sujets malheureux, il se. livrait à toutes les voluptés d’une cour galante et fastueuse. C’est lui qui a préparé la chr.ce de la noblesse, en la tirant de ses châteaux pour amuser et l’avilir avec des cordons, des rubans et des 1äbburets = €t quand une fois ce titre de gloire a été vénal, «et qu’on est devenu illustre avee de l'argent, lopinion à été formée u ct la noblesse de France a été jugée dans toute l'Europe comme elle l’a été parmi nous.

Les fruits du règne de Louis XIV ont été, d’un côté, la conquête de quelques provinces, la perfection des beauxarts, un théâtre supérieur à celui d'Athènes, un goût et une urbanité qui ont servi de modèle à toutes les cours, et sur-tout la réunion de toutes les parties, auparavant incohérentes, du Souvernement et de l'empire : d’un autre côté, la perte de cinq ou six cents mille hommes tués en différentes Suerres, celle de cinq ou six cents mille fugitifs, qui portèrent dans toute l’Europe la haine de son nom et les arts qu’il avait favorisés > une delle immense, des calamités désastreuses sur la fin de son règne, et une misère telle qu'aucun peuple moderne n'en a éprouvé de pareilles. Le despotisme qu’il avait consolidé fut l'héritage qu’il nous