Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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un foyer de lumières. Cette villeabondait enhommesinstruits, dont le gouvernement, aveugle encore, ne connaissait pas l'influence, ou était incapable de l'arrêter. Les cercles, les sociétés d'hommes, qui, depuis quelques années, s'étaient formées à l'instar de celles des Anglais, y parlaient de la liberté comme si déjà elle était conquise. Il était sur-tout une société rassemblée chez un jeune magistrat, qui, depuis, a beaucoup influé dans la révolution. Elle entretenait une correspondance active dans le royaume, et contribuait, enrépandant lasimultanéité des idées, à préparer la simultanéité des volontés et des forces. Le peuple enfin, quis’aigrit des maux publics parce

u’il en supporte tout le poids, endurait avec indignation lépithète dédaigneuse de tiers-état, qui lui assurait la confirmation d’une servitude constitutionnelle.

L'autorité n'avait pas assez de bras pour accabler tant d'adversaires. La liberté de la presse existait de fait : on tâchait vainement de la gêner par desordressourds;leslivressortaient de par-tout, et plusieurs étaient écrits dans un langage populaire qui les mettait à la portée des dernières classes de la société. Le gouvernement fut enfin obligé de laisser tout écrire et tout dire. Quelques princes du sang opposèrent à tant d'écrits un mémoire, alors fameux, où étaient exposées toutes les prétentions de ce que, depuis, on a nommé l'aristocratie, c’est-à-dire les priviléges d’un petit nombre d'hommes vivant aux dépens de tous, ou les humiliant par son autorité. Ce mémoire ne servit, comme toutes les autres imprudences des grands, qu’à accroître la résistance et la force du peuple.

Les formes de 1614, qui d’abord avaient paru révoltantes, étaient devenues ridicules. Le parlement s’en appercut trop tard ; et, revenant sur ses pas, il arrêta , le 5 décembre 1788,

u’en déterminant ces formes, il n'avait pas été dans son intention de déterminer le nombrerespectifdes députés destrois ordres. C'était une des principales questions agitées par l’assemblée des notables. Vainement M. Necker avait espéré que cette assemblée prendrait la couleur de l'opinion générale, elle était presque entièrement composée de privilégiés. L’esprit de corps y présidait, l'esprit de corps l’emporta. Le bureau de Monsieur fut le seul où il fut décidé, à la majorité des voix, que le tiers-état aurait un nombre de représentans égal à celui des deux autres ordres réunis. C'était le vœu exprimé par toutes les communautés du royaume, qui, s’affranchissant tour-à-tour des autorités locales parlesqueiles chacuned’elles était dominée, avaient pris des délibérations et les avaient envoyées à la cour. Et la plupart représentaient qu'en se bornant à l'égalité des représentans, elles n’observaient pas la proportion de la population, et qu’elles restaient au-dessous de leurs droits.