Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. St

ployés souvent pour de bien moindres Sujets. On envoya cependant quelques soldats garder la maison de Réveillon: mais ils ne purent résister à la foule uicrolssaittoujours. L’argent, répandu avec profusion, en multipliant les hommes, accroissait leur audace. Enfin cette multitude, étant entrée , pilla les effets, brisa les meubles, et fit dans la maison, dans les caves et dans le jardin, tout le dégât dont elle était capable. Alors parut un appareil formidable de forces militaires. Les gardes-françaises et les gardes-suisses essuyèrent longtemps les insultes et les coups de cette foule ivre et forcence, et reçurent enfin l’ordre de se défendre, ou pour mieux dire de tuer. Il arrive à leur suite de la cavalerie, de l'infanterie, et du canon qui fut pointé sur le faubourg Saint-Antoine. La foule fut dissipée par la baïonnette ou par le feu, et plusieurs subirent le dernier supplice. Mais Paris vit avec indignation cet amas de forces,réunien apparence pour sa défense, et qui menacait en effet sa liberté. Cet excès de précaution en fit soupconner le motif. Les soldats eux-mêmes eurent horreur du service qu'on exigeait d'eux, etde ce jour ils devinrent citoyens. Si les agens du despotisme imaginèrent ce siratagème infernal, comme on le crût dans le temps, c’est une faute à ajouter à toutes celles dont il se rendit coupable.

Paris n’était pas encore remis de son indignation et de son effroi, lorsque les États-généraux commencèrent. Tout était préparé pour que la distinction des ordres fût bien marquée , car on était disposé à la maintenir. Outre la différence de cos: tume dont nous avons parlé et celle des places, on avait affecté une porte particulière pour les députés des communes; ils dévaient passer par une porte de derrière abritée par un hangar, oùils furententassés pendant plusieursheures, pendant que le roi, la cour et les députés de l'église et de la noblesse passaient par la grande porte. Après la cérémonie d’un appel long et ennuyeux, qui lassa la patience des députés des com munes, ils furent introduits aux places qui leur étaient destinées dans cette belle salle des menus, dont les hommes et les femmes de la cour remplissaient les tribunes.

Le discours paternel du roi annonçait les dispositions bienfaisantes qu’ilavait dans le cœur, et cetamour pour les peuples, non la seule mais la première vertu des monarques ; et qui, souvent, leur a tenu lieu de toutes lesautres. Celui du gardedes-sceaux ne fut point entendu ,etneñt, par conséquent, aucune impression. Mais on entendit et l’on écouta avec la plus grande attention celui de M. Necker. C’était en effet un moment bien intéressant que celui où le ministre, organe du roi et de son conseil, allait, Par une grande publicité, faire connaître à tant d'hommes attentifs les véritables sentimens