Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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prendre ceux de de l'assemblée. Mais le Pouillant Mirabeau ; Prévenant la délibération, lui adressa ces fameuses paroles, que tout le monde sait par cœur; « Allez dire à ceux qui vous » envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple , et ? que nous ne quitterons nos places que par la puissance des » baïonnettes. » Quand le grand-maître des cérémonies se fut retiré, la délibération commenca. M. Camus, le premier,

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éclatant contre le despotisme de ce lit de justice appelé séance royale, attentat à la liberté des états-généraux , fit la motion à l'assemblée de persister dans ses arrêtés, qu'aucune autorité ne pouvait annuller. Plusieurs membres l'appuyèrent avec la même force : et l’abbé Sieyes, se résumant froidement au milieu de l’indignation générale : Messieurs, dit-il, vous êtes au jourd'hui ce que vous étiez hier. L'assemblée décréta qu’elle persistait dans ses arrêtés. Et cependant, comme cet acte despotique ; inspiré au roi, annoncait assez que la cour ne s’en tiendrait pas là, que la liberté personnelle des députés pouvait être violée, et que déjà des bruits en avaient couru, l’assemblée nationale déclara la personne de chaque député inviolable; que tous ceux qui oseraient attenter à leur liberté étaient infâmes, traîtres à la patrie, et coupables de crime capital, et se réserva de poursuivre tous ceux qui seraient auteurs où exécuteurs de pareils ordres.

M. Necker fut le seul des ministres du roi qui n’assista point à cette séance, soit qu’il en prévit les funestes effets, soit qu’il fut instruit des moyens préparés pour la soutenir. On crut qu'il quitterait le ministère ; dont, la veille, il avait offert sa démission. Un grand nombre de députés des communes se rendit chez lui pour l’engager à rester, lorsque la reine le fit appeler et qu’il promit au roi de ne pas quitter sa place. Les citoyens qui avaient suivi le roi après la séance, ceux qu’amenait une curiosité inquiète, inondaient les cours -du château, la galerie, les appartemens ; la crainte et le désespoir les agitaient; tout retentissait de leurs murmures. L’allégresse fut générale quand on apprit, de la bouche même de M. Necker, qu'il restait dans le ministère.

Tel fat donc l'effet de la séance royale , si contraire à celni que lesennemis dubien public en avaient attendu, que M. Necker n’en devint que plus cher au peuple et que les députés eux-mêmes se rapprochèrent de lui. Elle fit si peu d'effet sur la majorité du clergé, que celle-ci se rendit le lendemain à l'assemblée nationale , dont la séance fut aussi tranquille que s’il n’y avait jamais eu de séance royale. Le25 , la minorité de la noblesse se réunit , et les noms de ces quarante-sept membres généreux, parmi lesquels était M. le-duc d'Orléans , devinrent chers à la nation. Que je Les plains ! disait de bonne